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l'assure. — Dites-moi votre demeure, je vous le ramènerai. — Ici
près, sous Champel.—Votre nom? — Marguerite. Demandez au
 Vieux-Chêne. C'est là. Mais ne me trompez pas, mon bon Mon-
sieur. Ce chien m'a été confié... par mon maître,... mon pauvre maî-
tre;... et les sanglots lui coupèrent la voix. J'allai auprès d'elle, je
pris l'attache pour m'en servir, et je l'engageai à s'en aller, en lui
promettant que ce-jour même elle me verrait arriver chez elle avec
le chien.
   Quand elle se fut éloignée, je priai le fossoyeur de m'aider. Il
tint le chien pendant que j'attachais la corde à mon mouchoir dont
j'avais fait une espèce de collier que je lui passai autour du cou. Le
pauvre animal laissait faire, malgré une visible anxiété, mais quand
je voulus l'entraîner loin de ce lieu, il poussa des cris douloureux, et
tandis qu'il résistait de toute sa force, son regard expressif et sup-
pliant m'ôtait tout courage. Je renonçai donc à l'emmener de cette
manière, et lui ayant bandé les yeux avec mon mouchoir, je le saisis
fortement sous mon bras, et je l'emportai ainsi, tâchant de vaincre
par mes caresses, la résistance qu'il m'opposait. Vers le portail
surtout, j'eus beaucoup de peine à le contenir pendant que nous
croisions le convoi qu'attendait le fossoyeur.
   Cette douleur des animaux inspire une pitié bien pénible. Si
franche, si dénuée de calcul,si pure de tout alliage, tandis qu'elle s'ex-
prime par des signes d'une naïve énergie, elle n'admet pas, comme
la nôtre, les paroles de cousolation : on la contemple sans pouvoir
l'adoucir. Pauvre chien? Je ne pouvais le détromper de l'erreur qui
l'enchaînait à cette tombe ; en l'en arrachant je semblais lui faire
violence, et quand je ne pouvais assez l'aimer, je n'avais droit qu'à
ses plaintes et à ses murmures.
   Je cheminais par des sentiers solitaires, sous les collines de
Champel, demandant aux fermes où était la maison du Yieux-Chê-
ne. Bientôt je la reconnus aux indications qu'on m'avait données,
principalement à un antique chêne dont l'épais branchage cachait
un vieux portail, et couvrait presque en entier, de son vaste om-
brage, une petite cour froide et silencieuse. Derrière ce chêne, une
maisonnette était adossée à la colline dont la base, plantée de bois,
est couronnée par des sommets nus et inhabités.
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