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morphosés eu singes, s'abandonnant à toutes sortes de profa-
nations, pillent les églises, revêtent les ornements sacerdo-
taux, s'installent dans la chaire à prêcher, et criblent de coups
d'arquebuse un crucifix qui domine cette scène de désolation.
Sans examiner la convenance de l'étymologie, qui fait venir
le nom de Huguenots de celui de « Guenau ou Genon, espèce
de singes, » il nous suffit ici d'avoir constaté la communauté
d'origine qu'un semblable rapprochement établit entre notre
poème, et les ouvrages du chanoine comte de Lyon.
   Mais, quel que soit l'auteur du poème De Tristibus Francice,
on peut dire que son livre n'est remarquable ni par l'ordre,
ni par les données historiques, ni par le langage. Il marche
à l'aventure et en déclamateur ; ce n'est pas toujours que, dans
son effroyable latinité, le vers s'en va sur les six pieds voulus.
Il y a des mots forgés comme dans le style macaronique
d'Antonius de Arena (Antoine du Sablon).
   A défaut de détails bien neufs, on trouvera du moius, dans
ce poème, la répétition plus circonstanciée et la confirmation
de ce qui est ailleurs. Le mérite le plus réel de l'ouvrage con-
siste dans ses peintures, qui retracent fidèlement les costumes
et les plus dramatiques scènes de cette époque. 11 y avait, dans
le manuscrit, quarante figures, qu'une note d'une main plus
récente s'est chargée d'expliquer; mais une main inconnue,
dirigée par une aveugle préoccupation, a lacéré le feuillet qui
contenait, avec le dernier dessin, quelques vers qui termi-
naient l'ouvrage.
    La première figure nous représente, comme dans Saconay,
des hommes à visage de singes, rudoyant et enchaînant unlion,
tandis que leurs confrères sont occupés, celui-ci à tirer un
coup de fusil sur le Christ cloué à la croix, celui-là à pérorer
 du haut de la tribune sacrée. Notre église primatiale est veuve
 de toutes les statues de saints qui ornaient son portail et qui
 y laissent un vide irréparable. La troisième figure nous mon-
 tre à l'œuvre les barbares abatteurs, et l'explication nous
 apprend qu'un de ces impies qui était monté au plus haut de