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me Gasparde, était, à son décès, lieutenant général pour le roi
en Auvergne. Son crédit était grand à la cour ; et, soit pa-
rents, soit amis, protégés, protecteurs, tous avaient des com-
pliments de condoléances à adresser à la veuve de ce gentil-
homme regretté.
   Dans ces compliments se mêlait de la fausse monnaie. Les
jeunes visiteurs discouraient bien sur les qualités du noble dé-
funt; mais les qualités de la jolie survivante revenaient encore
plus souvent dans leurs captieux devis.
   Or, parmi cette jeunesse dorée se distinguait par ses assi-
duités un gentilhomme du Berri : Claude de l'Àubepire, mar-
quis de Châteauneuf, aspirait au rôle de consolateur. Il était
fils du doyen des conseillers d'état, neveu de M. de Villeroy ;
sa sœur était nouvellement mariée à M. de Vaucellas, frère
de la duchesse de Sully dont le mari était sur-intendant des
finances. Il avait encore pour cousin issu de germain le chan-
celier de Silleri. Tout cela augmentait ses prétentions et lui
donnait de l'audace etde la suffisance.
   Le procès que soutenait la jeune marquise n'était point un
procès pendant en cour d'Isaure. Le nom et la fortune
de son fils étaient en jeu. Elle avait des protecteurs à ména-
ger. Claude de l'Àubepire comprenait cette position ; le garne-
ment en abusa.
   On lui passa d'abord ses importunités, ses allées et ses ve-
nues à heure tardive à l'hôtel de St-Ghamond, puis on voulut
bien ne rien comprendre à ses déclarations ; mais devenant à
la fin trop explicite, il osa, lui, directement et pour son
compte, parler mariage à la marquise dont l'an de deuil com-
mençait à peine.
   Et encore s'il s'en fut tenu là ! mais devançant l'ère des
mauvaises moeurs, on eut dit qu'il commençait déjà, et à lui
seul, la carrière des roués, semée de tant de faits reprochables
à la noblesse du temps, carrière d'espiègleries d'abord, de