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     Peu de temps après son retour à Lyon, l'Ecole des Beaux Arts
  fut établie. Chinard, alors l'un des professeurs, ayant reconnu
  les dispositions remarquables de Vietty pour les arts, le solli-
  cita vivement d'abandonner la peinture pour se livrer à la
  sculpture. Il réussit malheureusement à le décider. Vietty se
 distingua bientôt dans ses études sculpturales. Les élèves ne
 furent pas moins prompts que le maître à reconnaître son ta-
 lent. A chaque instant, et surtout le soir au modèle, chacun
 s'empressait d'avoir son avis sur son académie. Cet appel ré-
 pété chaque jour des élèves au jugement d'un de leurs cama-
 rades, indisposa les professeurs contre Vietty, dont l'amour
 propre fut augmenté outre mesure par cet hommage de ses
 camarades. Il se permit, en outre, sur les travaux de ses pro-
 fesseurs quelques critiques justes mais déplacées, qui contri-
 buèrent encore à les aigrir contre lui. A la fin de l'année, il
 obtint cependant le premier prix, et son nom fut accueilli par
 des acclamations générales.
    Vietty continuait de travailler assiduemeut dans l'atelier de
 Chinard, soit au modèle, soit au marbre. Son délassement
 était la lecture des poètes grecs et latins. Chinard qui n'avait
 que faire des langues de Virgile et d'Homère, lui reprocha un
jour ces lectures, faites, disait-il, dans le dessein de le vexer.
Il s'en suivit une querelle à l'issue de laquelle Chinard le
chassa de son atelier; et les autres professeurs, qui ne deman-
daient pas mieux que de saisir cette occasion, proclamèrent le
lendemain son exclusion de l'École et l'affichèrent à la porte
du Palais des Arts. Quelques jours après, Chinard regretta d'a-
voir ainsi brisé la carrière d'un jeune homme et de s'être privé
de son meilleur élève. Il voulut obtenir sa réintégration mais
le conseil de l'école resta inexorable et il fut banni pour tou-
jours de l'école de Lyon.
    Ainsi qu'il arrive chez les hommes de la trempe et de l'é-
nergie de Vietty, cette punition ridicule par sa sévérité ne fit