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qu'augmenter la raideur de son caractère. L'attachement que
lui prouvèrent quelques camarades accrurent la bonne opi-
nion qu'il avait de lui-même. Dès cette époque il se considéra
comme un homme que l'on redoute et que, par conséquent,
on persécute ; il considéra comme ennemis de bons camara-
des qui n'ont jamais songé à lui nuire.
   Il partit pour Paris où il espérait quelques travaux, et fit
un voyage jusques sur les côtes de l'Océan. Il se trouvait mal
dans ces contrées d'où il écrivait à un de ses amis :
         Exilé de tes bords, fleuve heureux que j'adore,
         Ma vie à son matin va bientôt se flétrir ;
         Ainsi languit un lys mourant à son aurore^
              Loin du champ qui l'a vu fleurir.

         Une sombre langueur s'est glissée en mes veines,
         Rien ne peut adoucir le chagrin qui me suit ;
         La nuit j'attends le jour pour consoler mes peines,
              Et le jour j'invoque la nuit.

         Champs fleuris où I'Arar, prodigue de son onde,
         Arrose en murmurant des berceaux toujours frais,
         Oh ! quand pourrai-je enfin, dans une paix profonde,
              Errer sous votre ombrage épais !

         Lyon, asyle heureux, dans un destin prospère,
         La nymphe de tes bords faisait tout mon bonheui'j
         Et son souvenir seul aux terres étrangères
              Vient porter la paix dans mon cœur.

         Oui, je suis las d'errer dans un climat sauvage,
         Bientôt je vole à toi des tristes champs du Nord,
         Ainsi que le nocher écarté par l'orage,
              Heureux de regagner le port.

   Bientôt, en effet, l'amour de ses montagnes beaujolaises le
ramena dans nos contrées. Il travailla de nouveau dans l'a-*
lelier de Chinard et peignait quelquefois des décorations de
théâtre pour gagner de l'argent.