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 à cause de ses opinions politiques et religieuses. C'est au
moins ce que semblent indiquer quelques confidences faites à
ses amis, et les deux strophes suivantes d'une ode que Vietty,
jeune encore, composa sur la mort de son père :
          Je t'ai vu, sur les pas de l'austère Sagesse,
          Traîner dans la douleur ton destin malheureux,
          Tandis que le méchant rayonnant d'allégresse,
                Levait sa tête vers les cieux !

          Jouissons, disait-il, le tombeau se prépare,
          Qu'importe à l'éternel les pleurs de l'innocent !
          Jouissons aujourd'hui, demain un dieu barbare
               Nous plongera dans le néant.

   Vietty était le second de six enfants. Son père, homme ins-
truit lui-même, ne négligea rien pour leur éducation, et
Vietty le perdit trop jeune encore. Il avait commencé ses étu-
des à Lyon, auprès de maîtres particuliers, et les continua à
l'école centrale. En môme temps qu'il étudiait les langues
mortes et surtout le grec, il faisait de rapides progrès dans le
dessin, sous la direction de M. Cogel.
   Il voulait se livrer à la peinture et partit pour Paris en
1809, où il travailla dans les ateliers de M. Hennequin.
   Cependant le séjour de Paris lui plaisait peu, et, au moment
de partir, il écrivait à l'un de ses amis :
            Adieu, trop célèbre Paris,
            Asyle des vertus, des vices,
            Où la débauche et l'artifice
            Trouvent leurs plus cbers favoris ;
            Des beaux arts brillant sanctuaire,
            Abrégé du vaste univers,
            Beaux lieux que la science éclaire,
            Egout de cent peuples divers ;
            Heureux qui, sous des dieux propices,
            Et du plaisir suivant la loi,
            Vit au milieu de tes délices,
            Plus heureux qui vil loin de toi !