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la psychologie rationnelle, sous peine d'être creuse et vide, est inti-
mement liée à la psychologie empirique; qu'il ne faut pas être dupe
d'une distinction et la convertir en une séparation absolue ; et que,
si on cherche une psychologie rationnelle séparée do toute expé-
rience, on n'aboutira qu'à une psychologie abstraite qui ensuite sera
facilement convaincue d'être destituée de toute autorité.
   Il en est de la conscience comme de la psychologie ; elle a deux
parties, deux termes indissolublement liés et essentiellement dis-
tincts, un terme extérieur en quelque sorte, des objets, des intui-
tions ou représentations diverses, multiples, changeantes, acciden-
telles : c'est le domaine de l'empirisme ; et un autre terme, un
terme extérieur, un sujet identique et un au milieu de la variété
des phénomènes avec lesquels il est en rapport, qui pense et qui
veut, qui aperçoit et lui-même et le reste, qui pense, veut, aperçoit
sous certaines conditions, sous certaines lois universelles et néces-
saires, qui, tout universelles et nécessaires qu'elles sont, ne parais-
sent, avec les caractères dont elles sont marquées, qu'au milieu de
phénomènes particuliers et contingents qui composent l'autre terme
de la conscience. Le sujet de la conscience, qui pense, qui veut, qui
aperçoit, et pour tout mettre avec Descartes sous un seul mot, le
sujet pensant ne se produit qu'avec les phénomènes qui le détermi-
nent ; et son unité et son identité ne se révèlent que dans leur rap-
port et par leur contraste avec la variété de ces phénomènes. La
conscience embrasse à la fois et les pensées et leur sujet. Ce n'est
point à l'aide de la formule logique : toute pensée suppose un sujet
pensant, toute pluralité suppose une unité, que nous obtenons
d'abord le sujet de la pensée ; car cette formule logique nous est
d'abord inconnue; c'est la raison qui, sans formule et par la force
qui est en elle, faisant son apparition au sein de l'expérience, nous
découvre, sous la conscience de nos diverses pensées, un sujet pen-
sant, identique et un, existant réellement, et réellement en rapport
avec les phénomènes divers qu'il soutient ; c'est même la réalité de
l'existence de ce sujet, qui est le fond de la réalité du tout ; et com-
me ce n'est pas ce sujet qui tourne autour des phénomènes acciden-
tels avec lesquels il est en rapport, mais ceux-ci qui tournent autour
de celui-là, on en conclut que ce sujet pensant existe par lui-même