Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  213
être identique et un des phénomènes divers et mobiles avec lesquels
il est en rapport. Ignorer cela et prétendre sans aucune preuve que
l'unité de conscience est empirique, et que le moi, parce qu'il est
attesté parla conscience, n'est qu'un phénomène, au sens strict de
ce mot, c'est, par une psychologie superficielle, égarer la philoso-
phie dans une voie au bout de laquelle, je le répète, est le scep-
ticisme absolu, si on veut être conséquent, ou les chimères et les
hypothèses.
   Lorsqu'armé de cette exacte psychologie, on arrive, après avoir
traversé l'esthétique et la logique transcendentale, devant cette re-
doutable dialectique qui menace de renverser toute la science de
l'âme, on peut la regarder en face sans avoir peur, car il est aisé
d'en pénétrer le côté faible. Toute la force apparente de cette dia-
lectique consiste à poser le problème d'une psychologie rationnelle
légitime avec des conditions telles qu'on triomphe ensuite aisément
de le démontrer insoluble. Kant cherche une proposition, un juge-
ment, un principe qui, pour servir de fondement à la science ration-
nelle de l'ame, ne soit pas empirique et par conséquent n'appar-
tienne pas à la conscience.
    Quel est ce principe ? C'est le principe cartésien, je pense, qui
impiiquej'existe. Kant se donne beaucoup de peine pour établir que
le jepense est une proposition qui n'a rien d'empirique, qui ne dé-
pend pas plus de l'expérience interne que de l'expérience externe,
et n'appartient point à la conscience. Rien de plus embarrassé que
toute cette discussion dont les (rois quarts au moins ont été ajoutés
dans l'édition de 1787.
   Le principe auquel Kant en appelle sans cesse, c'est que la psy-
chologie pure ou rationnelle doit reposer sur des concepts transcen-
dentaux qui n'admettent absolument aucun élément empirique.
 « Si le moindre empirisme, dit Kant, si une perception particu-
lière quelconque de mon état interne, se mêlait à la connaissance
fondamentale de cette science, la psychologie ne serait plus une
science rationnelle, mais une science empirique de l'ame. Il s'agit
donc ici d'une science qui soit édifiée sur cette seule proposition :
je pense... »
  Et ailleurs : « Le moindre objet de la perception interne, ne se-