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rait-ce que le plaisir et la peine, changerait aussitôt la psychologie
rationnelle en une psychologie empirique. Le je pense est donc le
texte unique de la psychologie rationnelle, d'où elle doit dériver
toute sa doctrine. » Ailleurs encore: « S'il y avait pour fondement à
notre connaissance rationnelle des êtres pensants, en général, autre
chose encore que le cogito ; si nous recourions aux observations sur
le jeu de nos pensées pour en tirer les lois naturelles du principe
pensant lui-même, il en résulterait une psychologie empirique qui
serait une espèce de physiologie du sens intime, et qui pourrait peut-
être servir à en expliquer les phénomènes, mais jamais à découvrir
des propriétés qui ne peuvent être du domaine de l'expérience, telle
que la simplicité, ni à enseigner ce qui concerne la nature de
l'être pensant en général ; ce ne serait donc pas une psychologie ra-
tionnelle. »>
   Reste à prouver que le cogito est un jugement pur de tout empi-
risme, de toute aperception de conscience. Mais c'est ce que Kant
ne fait nullement : il affirme bien que le je pense doit avoirce carac-
tère pour servir de principe à tout le raisonnement transcendental
et à la science rationnelle de l'être pensant en général ; mais il n'é-
tablit qu'une supposition, la supposition d'un je pense pur de toute
conscience, d'un je pense abstrait, qui donne un j'existe également
abstrait, c'est-à-dire un moi, comme Kant le reconnaît lui-même,
vide de tout contenu. « Par ce moi, dit-il, c'est-à-dire par la chose
qui pense, rien n'est représenté qu'un sujet transcendental de la
pensée — x. »
   Voilà donc le fondement de la psychologie rationnelle tel qu'il le
faut à Kant; ce fondement est une abstraction, et le moi auquel cette
abstraction conduit est un x ! Mais cet x ne peut arriver à la con-
naissance, Kant lui-même en convient, « que par les pensées qui en
sont les attributs ; » il faut donc alors en revenir à l'aperception in-
terne de la conscience ; de sorte que nous roulons dans ce cercle, ou
partir de la conscience de pensées qui, tombant dans l'expérience,
ne peuvent autoriser une science rationnelle, ou partir du concept
transcendental je pense qui donne un sujet transcendental—x, que
nous ne pouvons plus ensuite dégager, sinon au moyen de cette
même conscience, de cette même expérience intérieure qui nous