Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   211
 versité des représentations en général, par conséquent dans l'unité
 synthétique primitive de l'aperception, non pas comme je m'appa-
 rais ni comme je suis en moi-même ; j'ai seulement conscience que
 je suis. " Mais que signifie cela ? Nous avons seulement conscience
 que nous sommes, soit ; mais à quel titre? A titre d'êtres ou de
 phénomènes? C'est sur quoi il faut se prononcer. Cette distinction
 subtile est pourtant une concession au sens commun et à l'opinion
 de la réalité de notre existence. Voici une déclaration tout autre-
 ment décisive, même paragraphe : « Mon existence propre n'est pas
 un phénomène, encore bien moins une simple apparence » so ist
 twar mein eigenes Daseyn nicht Erscheiming, vielweniger blosser
 Schern. Rien de plus clair et de plus formel ; et pourtant, quelques
 lignes après, revient la prétention que nous ne sommes que des phé-
 nomènes, parce que la conscience est purement empirique. C'est là
 le résultat systématique auquel Kant s'arrête, et ce résultat est de-
 venu le fondement de toute la philosophie allemande. C'est par ces
 assertions, sans aucune démonstration, jetées au milieu d'une théo-
 rie entièrement opposée, que l'auteur de la Critique de la raison
 pure, en contredisant ses propres principes, est revenu par un détour
 à Locke et à Hume, a frayé la route au scepticisme et égaré ses suc-
cesseurs. Si la conscience est empirique parce qu'elle contient en
effet une partie empirique, la psychologie doit être considérée com-
 me une étude qui ne peut donner que des connaissances empiriques,
ce qui est faux en soi-même et ce qui contraint, ou de se résigner à
l'empirisme ou au scepticisme, ou pour en sortir, pour obtenir au-
tre chose que des phénomènes, d'avoir recours à des hypothèses, à
des constructions, à des méthodes indignes de ce nom et condam-
nées d'avance par l'introduction même de la Critique de la raison
pure. Si le moi identique et un n'est qu'un phénomène, quel est le
fond, la substance de ce phénomène ? A-t-il même un fond, une
substance? Si on convient que ce phénomène n'a pas de substance,
on est parfaitement conséquent, il est vrai ; mais on est conséquent
jusqu'à l'absurdité, jusqu'au scepticisme le plus absolu. Si on admet
qu'il en a une, comment le sait-on ? Par quel procédé y parvient-on
en dehors de la conscience ? Si ce procédé, quel qu'il soit, tombe
sous la conscience, le voilà empirique et incapable de donner rien