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16S pérature de l'air, les blocs restent désagrégés et épars, bien loin du lieu et de la montagne d'où ils sont sortis. Les glaciers de la Suisse ont transporté beaucoup de blocs semblables : mais quelle est la limite inférieure des moraines de cette contrée? les blocs erratiques du Jura, de Salève pro- viennent-ils d'une moraine qui aurait rempli toute la vallée du Rhône et de l'Arve? Voilà un problème dont j'ai cherché la solution en par- courant quelques-unes des vallées de la Suisse au mois de juillet dernier. On voit encore aujourd'hui des débris incontestables d'an- oiennes moraines; mais ils sont peu éloignés de la limite des moraines actuellement existantes. Ainsi, dans la vallée de l'Aar, à trois ou quatre kilomètres de la moraine moderne, on trouve plusieurs monticules de forme allongée dans le sens de la val- lée et qui occupent le lit de la rivière : ils sont formés de gros blocs et d'un détritus de roches plus tendres, qui imitent parfaitement la partie inférieure de la grande moraine ac- tuelle de l'Aar. Le village de Viesch (Valais) est bâti en totalité sur un mon- ticule, allongé dans le sens de la vallée et composé de blocs anguleux, comme une véritable moraine. Autrefois la rivière qui sort du Viesch-Gletscher avait deux branches qui entou- raient cette moraine de toutes parts : aujourd'hui toutes les eaux coulent sur le bord occidental du monticule, et de là se rendent au Rhône, à travers des débris énormes qui ne res- semblent pas aux alluvions d'un fleuve, à cause du grand nombre de blocs anguleux dont ils sont composés. Ces restes d'une vieille moraine et les blocs épars qu'on trouve sur les deux flancs de la vallée, sont distants de huit à dix kilomè- tres du glacier moderne. Mais un grand espace de terrain sé- pare encore ces débris des blocs du Jura. L'examen des roches polies et striées par la progression