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1G4 de nouveaux doutes. En étudiant le mouvement progressif des glaciers, la manière dont ils poussent devant eux des quar- tiers de rochers en formant des amoncellements connus sous le nom de moraines , ces savants ont cru reconnaître que les blocs erratiques, loin d'avoir été déplacés par une cause subite et instantanée, avaient cheminé lentement. Ils ont, en outre, apporté de nouveaux faits dans la ba- lance. Quand on examine les parois des vallées qui encaissent un glacier, on reconnaît qu'elles sont tantôt polies, tantôt sillon- nées de stries profondes, analogues aux ornières que laissent les voilures sur nos routes. Suivant eux, cet effet est le résul- tat du frottement prolongé, tanlde la glace que des pierres qui constituent la moraine. Or, comme des stries et des polis analogues se remarquent loin des glaciers actuels et que les blocs erratiques sont dans le môme cas, il fallut admettre que les glaciers d'autrefois avaient une extension hors de proportion avec ceux d'aujour- d'hui, et pour expliquer cette extension, il devint nécessaire de poser deux nouvelles hypothèses, savoir : 1° que la tem- pérature terrestre était plus basse autrefoisque maintenant ; en sorte que le lac de Genève , par exemple, était glacé jus- qu'au fond, et qu'une partie des glaciers, ainsi que leurs blocs ont cheminé sur sa surface pour venir appliquer kurs moraines contre le Jura ; et 2° que les Alpes avaient alors une hauteur comparable à celle des montagnes de l'Himma- laya; en sorte que ces masses surchargées de neiges éternel- les refroidissaient les régions environnantes, et pouvaient être la cause d'une partie au moins de l'abaissement de la tempé- rature qui, suivant cette opinion, caractérisait cette période. Plusieurs autres géologues ont saisi avec ardeur cette nouvelle théorie; on les a vu, à l'envi les uns des autres, éta- blir des glaciers sur les Vosges, sur les montagnes de l'Angle-