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HISTOIRE DE FRANCE PAR M . MICHET.ET, TOME V. M. Michelet poursuit son Histoire de France avec une ardeur infatigable ; le cinquième tome vient de paraître, et deux autres volumes sont sous presse. Tout a été dit sur la vaste érudition, sur l'originalité brillante et le style chaud et coloré du célèbre écrivain ; tout a été dit sur son esprit systématique et par- fois paradoxal, sur sa tendance à conclure du particulier au général, à confon- dre les coïncidences et les causes, l'épisode et l'histoire. Ces qualités et ces défauts se retrouvent dans le livre dont nous présentons une rapide ana- lyse. Le traité de Troyes vient d'être conclu, vous savez, ce traité néfaste qui fai- sait de la France entière une province anglaise : n'avait-on pas fait signer au malheureux Charles VI ces lignes qui étaient l'arrêt de mort de la France, « tantôt après nostre trépas, la couronne et le royaume de France demeureront « et seront perpétuellement à nostre dit fils le roi Henri (d'Angleterre) et à ses « hoirs ? » Tout était fini : Henri V avait fait son entrée triomphale à Paris au milieu des acclamations et des Noëls du populaire, et le soi disant dauphin ré- légué, depuis l'assassinat du pont de Montereau, dans quelque château de la Touraine ou de l'Anjou semblait se résigner à sa déchéance et accepter sa honte. Aventuriers hardis mais malheureux, Ventadour, Gamache etXaintrail- les ont été pris à Crevant ; d'Harcourt a perdu sa forteresse du Crotoy ; La Hire a été forcé d'évacuer la Champagne ; les auxiliaires écossais et les bandits ita- liens ont été écrasés à Verneuil. Vainement le bâtard d'Orléans a-t-il débuté par la petite et inutile victoire de Montargis : Bedford vient de décider qu'on frappera le dernier coup, qu'on passera la Loire, et qu'on ira saisir à Chiuon ou à Bourges le frivole prétendant, et Salisbury vient d'amener une nombreuse et fraîche Yeomanry sous les murs d'Orléans : Orléans, c'est la porte du midi, la clef de la Loire, la route de l'Auvergne et du Languedoc que menaçait déjÃ