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133 une simplicité grandiose, une harmonie de proportions qui étonne davantage à mesure qu'on saisit mieux l'ensemble de l'édifice du poète. L'on sait que nos poètes font de leurs descriptions, de véri- tables inventaires. Avec un pareil système, on peut être vrai mais, à coup sûr, l'effet général du tableau disparaît. L'auteur, de Psyché s'est rapproché de la manière de M. de Chateau- briand ou plutôt de celle des grands maîtres. Ses descriptions sont courtes ; il s'applique seulement à trouver le trait juste qui détermine l'objet et l1 idéalise. A ceux qu'un peu de métaphysique intimide nous dirons : Relisez le poème et vous verrez comme toutes les parties s'éclai- reront vite à vos yeux. Le poème de Psyché est de ces œuvres qu'une seconde lecture ne lue pas; loin de là , il y gagne. Toutefois, il faut reconnaître que le génie du poète est moins dramatique que contemplatif. Sur le front de cette Psyché dont les épreuves sont si saignantes, il y a comme un reflet de mysticisme sacerdotal. Psyché est une fille d'Orphée élevée par Apollon. Mais le caractère le plus remarquable qui distingue le poè- me, c'est le calme et la sérénité ; môme dans les stations les plus ténébreuses de sa passion, Psyché garde une sérénité divine. Son langage revêt plutôt la forme des tristesses orien- tales que des tristesses catholiques. Le vers du poète porte ce caractère commun à la composition entière. Il est large, sculpté plutôt que ciselé, sobre, solennel ; ce n'est pas le vers vague et cristallin de la période de Lamartine, ce n'est pas non plus le vers bruni, métallique et profondément fouillé de Victor Hugo. C'est un vers plus simple, qui se rapproche un peu de la forme classique, sans néanmoins renier les progrès et les ressources du vers moderne. Les jointures ne sont pas mul- tipliées. Les vers marchent à grands pas et sans jamais s'em- barrasser en des phrases incidentes. Si nous osions ab.nrr'.-ir-