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      C'est alors que Psyché entonne l'hymne triomphale qui
  célèbre sa propre victoire : Bénie la première faute ; ô nuit
  bienheureuse où la première faute fut commise. Béni l'orgueil
  aujourd'hui sanctifié, bénie la volupté, naguère condamnée.
      Pendant la nuit de Noël, aujourd'hui encore, le catholicis-
  me chante la faute d'Eve. Avez-vous entendu le Félix culpa
  retentir dans la cathédrale, au bruit des orgues et des cloches
  triomphales ? La mort est bénie, car elle a donné naissance à
 la résurrection. La vie de la résurrection est plus belle que
 la vie d'avant la mort; la première faute entrait-elle donc
 dans le plan de la création, comme l'ont dit plusieurs doc-
 teurs môme catholiques ?
     Dans l'Olympe, au jour prédit par les destins, Psyché en-
 fante la Volupté : le bonheur infini s'engendre de l'union de
 l'ame et de l'idéal; les plans de la création sont achevés et
 tous les dieux rentrent dans l'Olympe.
     Tel est, dans son ensemble, le poème de Psyché : Cette analyse
suffit pour en faire comprendre la portée et l'élévation.
     Il nous reste à dire quelques mots de sa partie plastique,
     Ce qui frappe tout d'abord dans ce poème, c'est la vérité
d'une inspiration qui jaillit abondamment sans que le poète
fasse le moindre effort pour la provoquer. De nos jours où les
secrets delà forme ne sont plus un mystère pour plusieurs, il a
été publié un assez grand nombre de volumes de vers remar-
quables sous le rapport de la facture artificielle, mais qui meu-
rent en naissant parce que, sous cette versification froidement
arrangée et fardée il ne circule aucun souffle de véritable ins-
piration. Dans la poésie de l'auteur de Psyché, au contraire,
les idées s'accumulent, les mouvements affluent, la pensée gé-
nératrice du poème est pleine de puissance et de fécondité.
De là, une unité de coloris si rare dans les œuvres modernes,
toutes surchargées de détails scintillants, de jeux de couleurs
ranchantes et d'innombrables minuties artistiques. De là encore