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117 voyez comme les commentaires se sont agités infructueu- sement pour expliquer le sens de divers passages qui ne cachent que des idées purement arbitraires. Ainsi, nous sommes prévenus. L'auteur de Psyché a chanté le plus mystérieux et en même temps le plus gracieux symbole de la mythologie hellénique : ouvrez le poème, au milieu de cesfleursdu sol d'Attique, à travers les parfums qu'elles exha- lent : nous allons trouver mêlées à ces illusions divines, qui fi- rent autrefois rêver les générations aujourd'hui couchées dans la tombe, l'histoire de l'humanité et l'histoire de l'ame. C'est la destinée généralede tous, la destinée individuelle de chacun; c'est Dieu, c'est l'homme, c'est l'univers ; c'est le bien avec toutes ses joies, c'est le mal avec ses angoisses; c'est, en un mot, l'é- nigme universelle de la connaissance humaine, qui fait le sujet réel du poème. C'est bien là l'objet éternel de toute véritable poésie ; le fond du symbole est toujours général, universel. Qu'il y ait eu une tradition primitive aujourd'hui perdue, et dont les diverses my- thologies ne seraient que des débris, ou que la vérité incar- née dans la tradition chrétienne ait inspiré toutes les autres ; ou enfin, que la vérité pure, dans son essence divine, ne puisse tom- bersous le sens de l'humanité qu'enveloppée dans une tradition, de même que la pensée ne peut devenir sensible que par le mot, toujours est-il qu'au fond il y a une similitude merveil- leuse entre les croyances des diverses civilisations. Malgré les dissemblances qui tiennent au génie des différentes races et des différents climats, il y a un fond commun sur lequel s'ap- puyent toutes les traditions; et c'est pourquoi, si on les prend les unes après les autres, on trouvera toujours qu'elles renferment, chacune sous une langue différente, la môme solu- tion du problème leplusgénéral de l'humanité; et qu'à travers toutes ces différences d'harmonie et de mélodie, au milieu de tous les accidents des natures variées et des langages divers, c'est