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toujours au fond la même histoire que se renvoient l'une
à l'autre les traditions, comme, dans un grand concert, le
même motif se trouve répété tour à tour et sur des sons divers,
par tous les instruments et fait monter vers le ciel une mélodie
unique. Lepoèteaprété l'oreille à ce chant sublime de l'huma-
nité, et il en traduit quelques notes de joie ou de tristesse dans cet
hymne que ses frères attendent comme une révélation.
   Le symbole, à la différence de l'allégorie, renferme donc
 toujours dans son sein quelque chose de général, car que trou-
ver dans une tradition, sinon une partie de la vérité éternelle
dont les peuples se préoccupent? Il réfléchit aussi un des côtés
de la destinée individuelle, car la fable qui croît et fleurit dans
la pensée d'une nation, est non seulement identique avec la
terre où elle puise sa forme et sa couleur; mais toujours elle
 se particularise nécessairement dans tel héros ou tel dieu,
dans tel fait déterminé.
   Psyché est un symbole général et en môme temps un symbole
grec; aussi, au lieu de s'épanouir avec les formes gigantesques et
touffues des fablesde l'Orient, oude reproduire leslignes mornes
et silencieuses de l'art égyptien, ce symbole s'est dessiné dansle
moule harmonieux et pur des golfes et des vallons de la Grèce.
La fable est gracieuse et fleurie; elle se balance mollement dans la
plusheureuse contrée qu'ait jamais visitée le soleil; mais ellen'en
contient pas moins toute la question de la destinée humaine:
le bien et le mal, le miel et les larmes, avec leur cause et
leur but, sont recelés dans le calice de ce doux symbole qui a
 nom Psyché.
   Maintenant, comment se fait-il que les poètes remontent le
cours des âges, au lieu de s'attacher à peindre et à chanter les
dogmes de la civilisation dans laquelle ils vivent, s'adressent à
des fables antiques pour en extraire le suc de l'idée éternelle
qui les fit, naguère, accepter de la foi des peuples. Dans les
époques primitives, alors que. la spontanéité s'est emparée