page suivante »
118 toujours au fond la même histoire que se renvoient l'une à l'autre les traditions, comme, dans un grand concert, le même motif se trouve répété tour à tour et sur des sons divers, par tous les instruments et fait monter vers le ciel une mélodie unique. Lepoèteaprété l'oreille à ce chant sublime de l'huma- nité, et il en traduit quelques notes de joie ou de tristesse dans cet hymne que ses frères attendent comme une révélation. Le symbole, à la différence de l'allégorie, renferme donc toujours dans son sein quelque chose de général, car que trou- ver dans une tradition, sinon une partie de la vérité éternelle dont les peuples se préoccupent? Il réfléchit aussi un des côtés de la destinée individuelle, car la fable qui croît et fleurit dans la pensée d'une nation, est non seulement identique avec la terre où elle puise sa forme et sa couleur; mais toujours elle se particularise nécessairement dans tel héros ou tel dieu, dans tel fait déterminé. Psyché est un symbole général et en môme temps un symbole grec; aussi, au lieu de s'épanouir avec les formes gigantesques et touffues des fablesde l'Orient, oude reproduire leslignes mornes et silencieuses de l'art égyptien, ce symbole s'est dessiné dansle moule harmonieux et pur des golfes et des vallons de la Grèce. La fable est gracieuse et fleurie; elle se balance mollement dans la plusheureuse contrée qu'ait jamais visitée le soleil; mais ellen'en contient pas moins toute la question de la destinée humaine: le bien et le mal, le miel et les larmes, avec leur cause et leur but, sont recelés dans le calice de ce doux symbole qui a nom Psyché. Maintenant, comment se fait-il que les poètes remontent le cours des âges, au lieu de s'attacher à peindre et à chanter les dogmes de la civilisation dans laquelle ils vivent, s'adressent à des fables antiques pour en extraire le suc de l'idée éternelle qui les fit, naguère, accepter de la foi des peuples. Dans les époques primitives, alors que. la spontanéité s'est emparée