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 début de son duel avec le représentant de l'autorité, il l'employa
pour tuer son adversaire. A ses yeux, « lesillogisme aristotéli-
cien n'est qu'un âne qu'il faut avoir soin d'attacher au bas de
la montagne, quand on veut, comme Abraham, sacrifier sur
les hauts lieux. (1). »
    Cet adversaire, ce fut d'abord Tézel, dominicain fort peu
 rieur de sa nature, versé, quoiqu'on en ait dit, dans la science
 des divines écritures, mais qui ne marchant jamais sans un atti-
 rail d'arguments dérobés aux maîtres de l'école, ne pouvait at-
teindre cefilsdu mineur Mohra, qui, selon un écrivain protes-
 tant, « va, vient, brise la haie qu'il ne peut franchir et escalade
monts et vaux à la façon du diable (2). »
    Vousfigurez-vousl'ébahissement de Tézel à la réception de
 ce singulier défi ?
    « De tes cris, vois-tu, je me moque comme des braiements
d'un âne : tu me parles d'eau et de feu. De l'eau! voilà le jus
de la treille ; du feu ! vive l'odeur de la marmite. Donc, viens
à Wittemberg: moi docteur Martin, atout inquisiteur de la foi,
mangeur de fer rouge, pourfendeur de rochers, salut : faisons
savoir qu'on trouvera ici porte ouverte, table bien servie, soins
empressés, grâce à la bienveillance de notre duc et prince, l'é-
lecteur de Saxe (3).
    Refuserez-vous un peu de pitié à ce pauvre moine qui vient
d'entrer à Juterboch aux sons des cloches, portant sur un cous-
sin de velours la bulle de pardons de Léon X, et qui se voit
arrêté dans son chemin, non comme Héliodore par quelque
resplendissante épée : à tout prendre il n'y a pas de honte à
fuir devant un ange ; mais arrêté par un moine qui va chercher


   (i) Mathesius, vita Lulheri, Tisch-Reden.
   (2) Almanach fur Luthers Vereher, Erfurt, 1817.
   (3) Ut pro aqua liquorera vitis et pro igné fumum culinœ ex ansevibus appe-
lât.