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17 XVIIe siècle, nous offre la liste non interrompue ; il ne com- promet pas, par une seule imprudence, le triomphe de la grande et sainte cause dont il est devenu le glorieux représen- tant. Vous ne trouverez pas en lui cette héroïque témérité, ces généreuses imprudences qui livraient aux mains de l'Inquisi- tion, qui conduisaient au bûcher ses infortunés prédécesseurs. Lorsqu'une révolution commence, elle a tout à gagner par la témérité de ceux qui l'entreprennent ; lorsqu'elle est, au con- traire, à la veille de triompher, la témérité ne peut plus qu'en retarder et en compromettre le succès ; on peut dire même que Descartes a poussé cet esprit de conduite jusqu'à une prudence excessive. D'abord, pour assurer le succès d;; la réforme philo- sophique, il la sépare avec soin de la réforme religieuse et de la réforme politique, afin qu'il n'ait contre lui ni l'Eglise ni l'Etat dans sa lutte contre la vieille philosophie scholastique. Il rejette bien loin de lui la prétention de vouloir en rien ré- genter l'Etal ; il s'en tient constamment à cette distinction sévère des vérités de la raison et des vérités de la foi qu'il place en tète du discours de la méthode. Il s'efforce de se concilier la Sorbonne et lui dédie ses Méditations; il retient sa démons- tration du mouvement de la terre, en apprenant la condamna- tion de Galilée. On retrouve la même modération et la même prudence dans les conseils qu'il adresse à son disciple Regius, qu'emporte quelquefois un zèle trop ardent. Mais rien-n'égale ses ménagements, ses flatteries même, pour l'ordre puissant des Jésuites. Dans quel trouble et dans quel embarras ne le jettent pas les objections du Père Bourdin?avec quelle in- quiétude ne s'informe-t-il pas si ce Père a entrepris cette po- lémique seulement en son nom ou au nom de l'ordre tout en- tier? Toutefois, un intérêt, autre que celui de sa tranquillité personnelle, l'engage à tant de flatteries et de ménagements envers l'ordre des Jésuites : c'est l'intérêt de la propagation de sa philosophie, car les Jésuites étaient les maîtres de l'enseigne-