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18 ment, et il espérait, par eux, faire pénétrer ses doctrines dans les écoles et les substituer à la philosophie scholastique. Des- cartes, pour atteindre ce but, songea sur la fin de sa vie à mettre sous une forme populaire ses idées en physique et en métaphysique. L'historien de sa vie, Baillet, nous raconte « qu'il voulait faire un abrégé de toute sa philosophie, et en faire imprimer le cours par ordre, avec un abrégé de la phi- losophie de l'école et des remarques de sa façon sur les défauts de cette philosophie, Il espérait de faire en sorte par la m é - thode qu'il y garderait, qu'en voyant les parallèles de l'une et de l'autre, ceux qui n'auraient pas encore appris la philoso- phie de l'école l'apprendraient beaucoup plus facilement de son livre que de leurs maîtres, et qu'en môme temps ils appren- draient à la mépriser, et que les moins habiles d'entre les maî- tres seraient capables d'enseigner la science par ce seul livre. » (Baillet, 2 e partie, p. 86). Le commencement du dialogue entre Epistemon, Polyandre et Eudoxe, où Descartes s'efforce démettre sous forme popu- laire les idées contenues dans les premières pages du Discours de la 31èthode, se rattache probablement à l'exécution de cette pensée. Malheureusement, ce dialogue, trouvé après sa mort dans ses papiers, n'est pas achevé. C'est sans doute en vue du môme but qu'il a écrit ou fait traduire en langue vulgaire tous ses ouvrages de science et de philosophie, tandis qu'avant lui, au moins en France, tous les ouvrages scientifiques avaient été écrits en latin. Il ne s'était pas dissimulé à lui-même l'impor- tance de cette innovation, comme l'attestent ces quelques lignes qui terminent le Discours de la Méthode : « Et si j'écris en français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu'en latin, qui est celle de mes précepteurs, c'est à cause que j'espère que ceux qui ne se servent que de leur rai- son naturelle toute pure, jugeront mieux de mes opinions que •ceux qui ne croient qu'aux livres anciens, et pour ceux qui joi-