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484 éclairé; il a même entendu au dehors le rossignol chantant à perdre haleine sur les bords fleuris de la Saône. Il ne nous dit pas s'il a trouvé, sur la place des Céleslins,. cette VASTE place arrosée de bière, la fontaine qu'il y avait placée dans son Chemin de traverse. Ainsi, quand on se nomme Janin, ou quelque chose comme cela, on a le privilège de jeter, dans un journal grave et ré- pandu, toutes les inepties, toutes les fadaises qui peuvent pas- ser par un cerveau fêlé. Que si nous rapprochons ces puérilités Janiniques du com- mencement de sa lettre, nous en saisirons mieux encore le ridicule. Quand M. Bertin lui mit sur le cou la bride littéraire, il lui dit : va, mon fils, et permit à M. Janin de lui écrire. Yoyez- vous, ce cher fils, avec sa bride littéraire sur le cou ? Pauvre esclave, condamné à visiter l'Italie à vos dépens et aux miens; pauvre infortuné poète, que l'on paie grassement pour écrire de longues colonnes, et qui dit, avec une voix si touchante et si simple : Vous.m'avez permis de vous écrire! 0 charlatan ! F.-Z. C. Lyon est déjà une ville du Midi, mais une ville qui produit et qui travaille. Mollement assise entre ses deux beaux fleuves, à l'ombre de ses collines chargées d'arbres, vous diriez, au premier abord, que la ville va s'abandonner tout à son aise à la molle oisiveté orien- tale, qu'elle va se baigner dans ses flots limpides et se mettre à rêver sous ces frais ombrages, et, en un mot, faire de la poésie, comme le berger de Virgile sous son hêtre ! Que vous êtes bien dans une grande erreur! La ville est active, animée, bruyante^ avide du gain; elle vend, elle achète, elle fabrique ; ses deux fleuves si beaux, chers aux poètes, elle ne les regarde, elle ne les estime, que comme deux bêtes de somme infatigables, sans cessé obéissantes et sans cesse occupées ; elle arrache l'ombre de ses collines pour y brasser sa bière, elle encombre de fardeaux ses beaux rivages ; la ville posséderait le hêtre de Tityre, qu'elle jetterait au feu cet arbre