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82 dans l'examen particulier de chacun de ses tableaux, serait retomber dans des répétitions fastidieuses et sans utilité, puisque le peintre paraît décide à ne pas sortir de sa manière, ou, ce qui est pis , ne le peut peut-être point. Je suis bien aise de constater les notables progrès de Cha- vanne. Son Bayard est une œuvre , sinon irréprochable , du moins qui atteste la possibilité de bien faire. La tête de l'as- trologue est vigoureuse ,, on désirerait plus de noblesse dans l'expression, moins de dureté dans le dessin ; la figure de Bayard est commune. Ces défauts sont encore plus prononcés dans le Cimabue et Giotlo ; le jeune pâtre est d'une forme grêle et pauvre. Je dois avouer qu'il me manque un sens qui corresponde au talent de Perlet. Je ne vois en lui qu'un mérite de pa- tience qui s'applique à des œuvres d'art tout-à -fait contraires à mon sentiment. Cette peinture plate et stérile, cette re- production inanimée de la renaissance, n'a aucun charme pour moi. Je laisse à des admirations plus virginales que la mienne le soin d'apprécier le mérite du Christ au Roseau et de Ruth et Noèmi. De Riedder, qui copie les Flamands , arrive au moins à un résultat spirituel. Sa petite toile , qui a pour titre : les Dispo- sitions précoces, est pleine de finesse. — Son Don Quichotte me paraît moins satisfaisant; le beau chevalier, avec ses yeux hors de tète, m'inspire peu d'intérêt. Pourquoi ces figures qui épient les mouvements du chevalier sont-elles si minau- dières ? Bonirole est un élève de Bonnefond ; on le reconnaît du premier coup ; c'est encore un faiseur de têtes de moines et de paysannes romaines, avec infiniment moins d'habileté et de science. Passe encore sa Tête de Moine, assez franche de couleur, assez finement modelée. — Quant à ses Paysannes, je les ai prises pour des danseuses de l'Opéra en jupons courts et en Hoquets rouges , les joues tant soit peu fardées, assises dans une décoration de théâtre éclairée au gaz.