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280.,- « Toutes ces requêtes ne seraient pas nécessaires si celui que l'on a établi le maître des Juifs était plus soigneux de garder les ordres de la cour ; nous n'aurions même aucun démêlé avec les Juifs s'il avait voulu agir raisonnablement avec nous. » Agobard termine par cette phrase remarquable : « Si je refuse le baptême aux Juifs et à leurs serviteurs, je crains la damnation éternelle, et si je le leur accorde , je crains d'irriter les hommes et d'attirer sur nous des punitions fâ- cheuses dont je n'ai rien voulu vous écrire dans cette lettre; mais j'en ai dressé un petit mémoire dans un écrit s é p a r é , afin que vous en soyez instruits. Pardonnez-moi, je vous prie , toutes mes importunilés , et considérez que je ne puis moins faire en cette occasion, où il s'agit des intérêts de l'Eglise, de la foi et de moi-même (1). » L'écrit dont parle Agobard contenait sans doute le récit des vexations journalières auxquelles étaient en butte les membres du clergé et les laïques chrétiens qui s'étaient ou- vertement déclarés pour l'archevêque. Plusieurs, en effet, furent contraints à cette époque de se cacher ou de fuir. Quoiqu'il en soit, la lettre que je viens d'analyser suffit pour bien définir la véritable position du moment. Il y a deux choses à observer dans cette épîlre : toute la fierté de l'arche- vêque a fait place aux plus humbles prières et aux plus légi- times exigences. Cependant le crédit judaïque l ' e m p o r t e , les paroles du prêtre restent sans réponse , les ecclésiastiques de la cour se taisent ou condamnent Agobard; celui-ci, froi- dement éconduit, va dévorer dans son diocèse l'opprobre d'un refus , jusqu'à ce qu'arrive le jour de la séditieuse ven- geance (2). D'un autre côté , la question du baptême et du (1) Menestrier, Hisl. cons., page 213. (2) On attribue généralement au dépit qu'éprouva notre archevêquej la part active prise par lui dans la querelle des enfants de Louis contre leur père. Menestrier pense que cet homme de Dieu fut abusé par les rebelles e crut combattre pour l'Eglise en déposant l'empereur.