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332 Paradin rapporte avoir v u , à la date de la môme année , des lettres patentes du premier duc de Savoie, Ame, données à T h o n o n , par lesquelles il prenait en sa sauvegarde les Juifs qui lors habitaient ses t e r r e s , excepté ceux auxquels le procès avait été fait à Châtillon et à Trévoux, et qui avaient été convaincus et coupables des hérésies et blasphè- mes par eux confessés devant les commissaires. Le pouvoir archiépiscopal triomphait ; Lyon et ses abords avaient perdu les Juifs. Cependant la rancune des rois et du clergé ne s'arrêta point à cette seule œuvre contre les Israé- lites ; je ne sais point quels griefs imaginaires ne furent pas inventés pour faire passer celte haine dans l'esprit des peu- ples : d'absudes fables circulèrent dans la foule; de sacrilèges forfaits furent imputés aux exilés, et dans toutes les malédic- tions que le ciel faisait peser sur la France , le nom des Juifs se trouva mêlé et confondu. L'ombre même de la société juive avait été effacée du r o y a u m e , et cependant toutes les cala- mités étaient regardées comme découlant d'eux. Il y avail évidemment dans toutes ces accusations lâcheté et mensonge; lâcheté, puisque ces coups dans l'opinion publique étaient portés à des hommes absents et dont la voix ne pouvait s'éle- ver pour se défendre ; mensonge, puisque les maux publics, à supposer qu'ils ne prissent pas leur source dans les fautes du pouvoir ou dans l'incurie des peuples , ne pouvaient, dans tous les cas , être envoyés à la France comme punition de crimes commis en dehors du royaume. N'était-ce pas là dé- naturer la justice divine au profit de la haine ? Quoi qu'il en soit, ces éternelles conjurations portaient leurs fruits contre la synagogue ; peu à peu la contagion du fanatisme gagnait de proche en proche l'ame des populations ; les Juifs, forcés de reculer devant les animosités occultes, mais ardentes et actives, voyaient se fermer derrière eux les ports dans les- quels ils avaient trouvé jusqu'ici l'abri contre la tempête. Les provinces méridionales les plus reculées leur restaient seules e n c o r e ; mais, vers l'an 1481, la Provence fut réunie