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51 et que ces réunions étaient empreintes d'une poésie qui nour- rissait l'art et le vivifiait. Si, vers le commencement du siècle dernier, les habitants de Bourgneuf eussent eu l'idée d'une fête en l'honneur du marieur de filles, au lieu d'une douzaine d'hommes mar- chant sans uniforme sous un drapeau sans emblème et sans devise, vous eussiez vu toutes les compagnies desp.en.no- nages des quartiers rapprochés, se ranger en ligne, musique en tête , enseignes flottantes , barioler le carrefour de mille couleurs, et venir demander leur part de plaisir dans cette fêle où elles eussent versé leur part de joie. La Grande Douane eût envoyé sa compagnie sous son dra- geau déjà tricolore, cramoisi, blanc et bleu , portant un puerrier accoudé sur un tambour et dormant sur un trophée d'armes , sous la garde d'un lion , avec cette charmante de- vise : LE LION VEILLE ET LE V I Q E R SE BEPOSE ! AN U U A côté de la Douane fût venue se ranger la compagnie du Change, qui avait la prétention de se croire la première de Lyon , après celle de la place Confort, et qui portait éten- dard blanc avec une croix de galons d'or, autour de laquelle elle ayait écrit: LIEUTENANCE-COLONNELLE... l'orgueilleuse ! La compagnie de la rue Juiverie eût passé l'inspection dans sa large rue de sévère aspect etde glorieuse mémoire, avant de descendre sur le quai, avec son enseigne bleu , blanc et noir, portant une tour parsemée d'étoiles,., science et force ! Les mariniers du port Saint-Paul eussent été des premiers rangés sous leur drapeau bleu et blane, sur lequel était peint le bras de leur patron, armé d'un sabre , car une reli^ gion tolérante bénit les armes et s'allie aux plaisirs. Près d'eux , eût brillé la compagnie de la rue du Boeuf, avec son étendard couleur de pré, orné d'un glaive, lais- sant les curieux incertains si c'était le glaive du victimaire ou le couteau du boucher. Le port du Temple eût étalé ses hommes grands et forts sous son enseigne vert et blanc, qui déroulait aux regards et