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ses concitoyens l'a suivi jusqu'au tombeau. Son convoi en est
une dernière preuve. II était nombreux et composé d'hommes
respectables. Avec une passion comme celle qui le dominait,
il fallut une extrême probité pour se conduire ainsi qu'il l'a
toujours fait. Pour de l'or, jamais il n'aurait commis une bas-
sesse. Loin de là , sa bourse a soulagé plus d'une infortune ca-
chée , et parfois même il s'est montré généreux dans toute
l'acception du terme. Je ne puis résister au désir de citer en-
core un des faits qui me sont connus.
   Une veuve possédait pour Joule fortune une somme d e
30,000 fr. Elle voulait faire un placement s û r , et s'adressa à
M. Charpentier, son conseil , l'ami de son mari. Madame, lui
dit-il, je ne me charge pas de faire le placement de fonds pour
a u t r u i , c'est une trop grande responsabilité qui pèserait sur
moi ; mais voyez , cherchez , cela vous sera facile.
   — Très-difficile, Monsieur; l'argent regorge partout. Les
placements sont chanceux.
   — Je vous le répète , cherchez , moi j'avais des fonds que
j'ai placés chez M. F . . . .
   — Prendrait il les miens ?
   — Je n'en suis pas sûr ; mais j e ï e pense.
   — Je cours chez lui.
    M. F . . . . prit les fonds , et peu de temps après fit une ban-
queroute frauduleuse et disparut. M. Charpentier perdait là
une somme de sept cents et quelques milles francs. La veuve
 désolée va chez lui et lé trouve en proie à un chagrin violent.
    — Monsieur, je suis ruinée.
    — N'ai-je rien p e r d u , Madame?
    — Mais v o u s , Monsieur, vous pouvez encore vivre ; moi je
suis ruinée , ruinée complètement, et c'est vous qui m'avez
 conseillé d e . . . . .
    —Àssez,Madâme, assez, je vous compterai les trente'millef.
    Hommes qui fiez des travers de M. Charpentier , et qui vous
 taxez de générosité, auriez-vôus agi ainsi ? Osez le dire !
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