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20 le lac de Genève, et dans lequel on pénètre par un canal qui semble creusé de la main des fées; telle est la succession des tableaux qui passeront sous les yeux du voyageur dans la navigation du Rhône supérieur. Telle est la nouvelle conquête dont nous sommes redeva- bles à la puissance de la vapeur et à M. Perret, le premier qui ait osé affronter les difficultés de ce trajet, et qui en ait heureusement triomphé. C'est avec le joli steamer, l'Abeille, à la taille svelte et élancée , et muni d'une seule machine de la force de 24 chevaux, force qui semble à peine suffisante pour naviguer sur la Saône, qu'il a osé braver les rapides et les brusques détours du plus impétueux des fleuves. Mardi, 17 du mois d'octobre, une société d'explorateurs., au nombre desquels je me trouvais , et que l'auteur de celte entreprise avait invité à partager ses chances, s'embarquait, au faubourg de Bresse, sur le bateau à vapeur l'Abeille, qui, pour la seconde fois, apparaissait dans celte partie du fleuve, vierge auparavant de tenlalives de ce genre. M. Perret lui fit les honneurs de son bâtiment avec une urbanité pleine de délicatesse qui ne s'est point démenlie pendant toute noire exploration. A six heures et demie, l'Abeille quittait le rivage et cinglait vers les parages inconnus du Rhône supérieur. Nous eûmes bien vite laissé derrière nous et la ceinture des quais de Lyon et les hauteurs menaçantes que couronne le fort de Montessuy. Déjà nous nous trouvions au milieu de la plaine fastidieuse et difficile pour la navigation, qui est en face de Miribel. Là , le Rhône, abandonné à lui-même, se livre en toute liberté à ses écarts destructeurs, et couvre de graviers stériles d'immenses terrains que quelques travaux rendraient à l'agriculture. Ce n'est point dans cette première partie du cours du fleuve que se rencontrent les sites pittoresques. D'après ce premier aspect, on jugerait peu favorablement du surplus. A droite,