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311 Un peu après cette époque et dans le courant encore du siècle suivant, les prélats assemblés à Vienne, près L y o n , introduisirent contre les Juifs une violence restée jusque-là sans précédents. Non-seulement l'exercice du culte israélite fut interdit, mais encore les Juifs furent contraints de faire les actes du chrétien. Lorsque le saint viatique marchait à travers les rues pour aller porter courage et consolation à l'agonisant, l'Israélite, qui ne croyait pas , devait cependant rendre les honneurs et s'agenouiller devant la représentation du Christ détesté. Cet hommage forcé plaisait-il au Seigneur, n'était-il pas une occasion nouvelle de haine et de blasphème? Toujours des coups d'épingle ou des coups de poignard. Philippe-le-Hardi succède à saint Louis. Ce p r i n c e , reve- nant du siège de T u n i s , perd dans une tempête la moitié de sa flotte ; il a besoin d'argent, tous les Juifs sont rappelés en France , et recouvrent une partie de leurs droits. Sous le règne de Philippe-le-Bel, les vexations ou les ca- resses prodiguées aux Juifs sont le thermomètre de la pros- périté publique. Suivant les intérêts du trône, le roi soulagea Iss Juifs, les chassa> les rappela pour les chasser encore , mais l'or fut le mobile de tous ces changements d'un système perpétuellement le même dans ses fins. Accueillis, les Juifs furent écrasés d'impôts; proscrits, ils furent dépouillés. Phi- lippe, brouillé avec le Saint-Siège, dépouille également et la synagogue et l'église, peu lui importent les sources d'où dé- coule la fortune. Ce qu'il lui faut avant tout, c'est de l'argent. Moyennant des complaisances pécuniaires, les Juifs obtien- nent du roi des dispositions législatives qui modèrent la puis- sance ecclésiastique sur eux, la royauté se charge seule du soin de commander aux Israélites, le clergé est réduit à ne plus user que de son droit d'excommunication, qui tous les jours perdait de sa puissance depuis que l'Eglise s'était mise à en abuser. Philippe-le-Bel lui-même n'était-il pas sous le poids d'une excommunication fulminée par Boniface YIII ? ce pape ne s'était-il pas permis de donner la couronne de