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342 sont devenus les leurs, nos libertés leur sont communes, nos pensées et nos espérances semblent devoir être leurs pen- sées et leurs espérances. D'où vient cependant qu'au milieu de cette unité nationale, les Juifs gardent encore le signe des étrangers, vivent pour ainsi dire en famille, et ne se mêlent qu'avec une sorte de défiance secrète à l'action de la France ? Comment expliquer cette ligne insaisissable de démarcation tracée entre les Israélites et les enfants du Christ ou tous autres croyants ? Les hommes ont applani tout ce qu'il était en leur pouvoir d'applanir ; il ne tient pas à eux de se rapprocher davantage, et puisque !a fusion ne s'est pas encore opérée, je regarde l'influence divine comme suffi- samment démontrée. Le Juif a conservé l'étrangeté de son accent, le caractère primordial de ses traits et la fierté sévère de son regard. Plein de sa dignité, fier d'avoir su garder in- tacte la pureté de son origine, il laisse entendre ces mots à ceux qui l'interrogent : « Je suis de cette race des trois cent mille qui attestent sous le soleil l'unité de Dieu dans toutes les parties du monde. Quelques-uns de mes frères sont dé- positaires des trésors humains., d'autres vivent pauvres avec les pauvres, tous représentent en eux les conditions diverses de, l'humanité, et tous sont fils de rois et le peuple de Dieu ; à défaut de ville et de r o y a u m e , ils occupent la t e r r e , et comme les peuples les ont rencontrés partout sur leur pas- sage, ils les ont représentés comme un seul homme, toujours le m ê m e , touchant à toutes les jouissances sans s'arrêter à aucune et marchant toujours à travers les obstacles et les supplices jusqu'à la consommation des siècles. » O u i , je crois avec le Juif que sa nation subsistera réunie en un seul corps. Tant qu'elle voudra s'isoler des croyances catholiques, mais je pense aussi, avec ses prophètes (1), qu'un moment viendra pour elle o ù , lasse de marcher sans repos et sans l u m i è r e s , elle viendra se jeter dans les bras fl) Bossuet, Hist. universelle, 2 e partie.