page suivante »
35 brer notre arrivée à sa manière et conformément à son ca- ractère national, la ville sarde en mettant ses cloches en branle, la ville française par des délonnations de boîtes et de mousqueterie. Lorsque l'Abeille approcha du débarcadère sur lequel était rangée une masse compacte et bigarrée d'hom- mes, de femmes et d'enfants, de vives acclamations saluèrent l'auteur de l'entreprise, nouveau Christophe Colomb, qui, s'il n'avait pas découvert ce nouveau monde, avait du moins ouvert pour lui un avenir nouveau. Les autorités constituées de l'endroit, sans distinction de gouvernement et de nation., vinrent féliciter M. Perret. A Seyssel, finit la navigation ordinaire du fleuve. C'est à une demi-lieue en amont que commence cette gorge affreuse, impraticable, qui va jusqu'au delà de Belle-Garde, et dans laquelle le Rhône s'engloutit tout entier dans la saison des basses eaux, pour reparaître limpide et presque tranquille dans la plaine où se trouve la ville de Seyssel. Tout le monde connaît, au moins par des descriptions, la perte du Rhône , les accidents qui caractérisent, dans cette partie de son cours, son lit et celui de la Valserine, l'un de ses affluents. On sait comment le fleuve qui coule encaissé entre de hautes mon- tagnes, a un double lit, l'un qui occupe le fond apparent de la vallée, et qu'il remplit seulement dans les hautes eaux ; l'autre, creusé dans le précédent par l'action érosive des eaux. Ce dernier consiste en une fissure profonde et étroite où il dis- paraît, pendant la saison de la sécheresse, en laissant à sec le lit supérieur, et dont les bords sont si rapprochés, qu'en plusieurs endroits un homme aussi hardi que leste peut fran- chir d'un saut cet abyme, et qu'une simple planche placée en travers du fleuve peut servir de pont. On sait aussi que la perte du Rhône est produite par une accumulation de rochers qui se sont probablement écroulés des montagnes voisines, etquis'arcboutent mutuellement en prenant pourpoint d'ap- pui ,tes parois de cette gorge. Ce qu'on sait moins communément, c'est que celle partie