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275 demain avec joie et édification , ayant satisfait à tous leurs devoirs de piété et de religion. Lorsqu'Agobard eût achevé cette requête, il survint un homme qui s'étant échappé de Cordoue en Espagne, rapporta que depuis vingt-quatre ans et dans sa première enfance il avait été enlevé par un juif qui l'avait vendu, mais il s'était enfui avec un autre chrétien d'Arles, enlevé de même et vendu depuis six ans par un juif. Agobard, s'emparant de cette circonstance provoquée peut-être pour le besoin de la cause, assure que les parents avaient reconnu l'esclave fugitif: du reste, dit-il, la notoriété publique accuse les Juifs d'en avoir enlevé beaucoup d'autres, et de le faire tous les jours encore. Ce ne sont point là leurs moindres forfaits, les Juifs commettent sous nos yeux des crimes plus exécrables, que le respect, et la bienséance ne nons per- mettent pas de vous écrire. Je me suis un peu appesanti sur cette première lettre, parce qu'elle est une peinture fidèle et contemporaine de la lutte de la religion juive et de la religion chrétienne, dans notre Lyon du IXe siècle. Dessiné par la main d'Agobard, ce tableau devait nécessairement paraître très sombre ; mais en faisant la part des préventions ennemies, on peut encore facilement découvrir de tristes vérités. L'état de magnificence dans le- quel vivaient les Israélites, leur luxe d'esclaves, leurs rap- ports journaliers avec Alexandrie, l'Arabie, l'Inde, la Grèce l'Espagne et l'Allemagne , l'importation de leurs industries nouvelles, et la plus grande circulation de numéraire, toute la valeur réelle que l'extension de leur commerce procurait à Lyon , tout l'éclat de ces bienfaits procurés à notre ville par leur activité, avaient fini par séduire l'esprit de la popu- lation et les faveurs des grands. Lyon devait beaucoup aux Juifs, et sans s'inquiéter trop des justes appréhensions de l'Eglise, il s'habituait à remettre en leurs mains la direction des intelligences et la conduite des affaires publiques. Peu à peu le respect menait à la croyance, les caresses et le bien-