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468 Vous redirai-je les émotions qu'il éveilla dans vos âmes, en vous parlant de notre ancien confrère Bellay, lors- qu'après avoir retracé sa vie laborieuse, si péniblement agitée, il vous l'a montré suivant à Paris son fils unique, dont il ne voulait plus se séparer ; puis, rappelé, malgré lui, dans notre ville par ces habitudes de tant d'années qu'on ne peut rompre impunément à un âge avancé, et mourant sur la route dans un réduit obscur, sans qu'une main amie ait pu presser la sienne à son heure dernière. Une seconde nomination continua Pichard dans les fonctions qu'il remplissait au sein de la société; l'unani- mité des suffrages qu'il obtint lui témoigna que son zèle était justement apprécié ; mais un événement funeste l'é- loigna bientôt de nos travaux et de l'exereice de la mé- decine. Une timidité invincible qui l'empêchait de se produire, le forçait de se contenter d'une clientelle restreinte ; une sensibilité qu'il ne pouvait réprimer le laissait sans force contre les mécomptes que l'on éprouve trop souvent dans la pratique; il ne supportait pas même un revers qu'il avait prévu; il devait être terrassé en l'éprouvant dans le sein de sa famille : l'un de ses enfants, son fils aîné , succomba à une affection cérébrale, Pichard fut incon- solable. Dès lors l'art qui trop souvent ne peut que sou- lager ou consoler, ne fut plus pour lui l'art de guérir, il y renonça d'une manière absolue. Depuis cette époque, la littérature, qui auparavant n'occupait que ses loisirs, le captiva tout entier. II trouva dans la culture des lettres ces distractions continues, cet intérêt toujours croissant, qui récompensent les longs travaux de leurs fervents adorateurs. D'innombrables et savantes recherches, de riches matériaux furent inces-