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roi parlèrent secrètement ensemble de ce qu'ils voulurent,
et puis s'en retourna le roi quand il eut salué les cardinaux,
et il eut la bénédiction du pape (1). »
Louis IX resta quinze jours à Cluny ; pendant sept
jours, il fut presque constamment enfermé avec le pape et
la reine Blanche. Aucun historien n'a pu nous dire quel fut
le sujet de ces conférences secrètes, quelles mesures y furent
prises ; on croit que Louis IX, uniquement occupé de ses
projets de croisade en Orient, fit tous ses efforts pour récon-
cilier le pape et l'empereur, mais qu'Innocent IV» regardant
la croisade contre Frédéric comme plus pressée , chercha Ã
le détourner de sa résolution, pour avoir au besoin un auxi-
liaire contre l'empereur. Qn croit aussi que le pape offrit la
couronne d'Angleterre au roi de France (2), et que celui-ci
refusa ce don ; son caractère généreux aurait peut-être eu
de la répugnance à accepter cette offre qu'il eût fallu d'ail-
leurs arracher par la force des armes.
Une alliance contre Frédéric fut sans doute conclue dans cette
conférence ; mais il est certain que le motif le plus important
qui amena le roi de France et son nombreux cortège armé Ã
Cluny, fut la mort de Raymond Bérenger, comte de Provence,
qui eut lieu le 19 août 1245. Nous avons vu que le pape, peut-
être alors fâché de ce que Louis IX n'avait pas voulu le recevoir
dans son royaume, avait promis son consentement au ma-
riage de Béatrix, fille du comte de Provence, avec Raymond,
comte de Toulouse. L'exécution de ce projet aurait formé
une souveraineté probablement hostile à la France, et pres-
que aussi puissante que le royaume de saint Louis, sinon
en étendue, au moins par ses richesses et sa civilisation,
sous le rapport desquelles les provinces du nord de la France
étaient bien inférieures à cette époque. Il était de la plus
(t) Voyez Guillaume de Nangis ou Sismondi, Hhl. des Franc,, t. vu,
p. 323.
(2) Voyez Mathieu Paris el de Sismondi.