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436 provisoirement lancé.une excommunication contre Frédéric, en attendant celle qu'il devait prononcer solennellement au milieu du concile ; les évêques de France reçurent l'ordre de la publier. Dans cette circonstance , un curé de Paris montra beaucoup de jugement, et si tous les autres prélats l'eussent imité, ils auraient évité bien des maux. Après avoir rassemblés ses administrés, il leur parla ainsi : « Ecoutez- moi y mes frères ; j'ai reçu l'ordre de prononcer une sentence d'excommunication au son des cloches, avec les cierges allu- més , contre Frédéric , empereur des Romains, et je n'en sais point la cause ; je sais bien cependant qu'il existe entre notre saint-père le pape et lui une grave controverse et une haine implacable; je sais que l'un des deux, mais j'ignore lequel, est injuste envers l'autre; aussi, pour autant que s'étend ma puissance, j'excommunie celui des deux qui a commis l'injure pour le malheur de la chrétienté; j'absous celui qui l'a reçue (1). » Le curé fut destitué par Innocent IV, et reçut une récom- pense de Frédéric. Quoique le pape pût compter sur la majorité des habitants de Lyon, il ne négligea point tout ce qui pouvait servir à sa sûreté personnelle ; il s'installa au cloître de Saint-Just, muni d'un fort et entouré d'un rempart dont les murailles avaient quatre pieds de large et six toises de hauteur. Ce rempart était encore flanqué de vingt-deux tours fortifiées et placées à quinze pas de distance les unes des autres. Le pontife avait en outre une garde nombreuse, composée de templiers, de chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et d'un corps de troupes commandées par le nouvel archevêque, Philippe de Savoie ; il se fit donner aussi pour maison de curavit qualiquali modo, ut honor papalis saltera superficialiter salvaretur. MATHIEU PARIS , Hist. Angliœ. (1) Histoire des Français de Sismondi, t. vu, p, 317.—Concilia generalia, ' . xi, p. 636. —Mathieu Paris, Hut. Angliœ.