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429 connu avec d'autant plus d'empressement, que ne préju- diciant en rien à leur autorité souveraine, il pouvait servir d'obstacle à l'ambition des rois de France, dont la puissance eût été considérablement augmentée, s'ils avaient pu ajouter à leur couronne un aussi beau fleuron que la riche cité lyon- abbaye. Il est certain que Frédéric II conservait encore ce droit de suzerai- neté. Nous devons à ce sujet relever l'erreur dans laquelle sont tombés les historiens du Lyonnais, en prétendant qu'une partie de Lyon relevait à cette époque du royaume de France, et que c'est de là que provenaient les dé- nominations de terres de l'empire et terres du royaume. Nous devons d'au- tant plus relever cette erreur, que M. de Sismondi, dans son excellent ou- vrage {Histoire des Français) la répète aussi (tome 7, page 310) : « La Saône seule , dit-il, séparait Lyon du royaume de France, et un quartier de la ville, situé sur son bord occidental, était français; le pape ne pouvait donc choisir une meilleure et plus sûre résidence. » Les rois de France ne possédaient rien absolument à Lyon à cette époque; les posses- sions de l'église de Lyon sont d'ailleurs parfaitement détaillées dans l'accord qui eut lieu en 1173 entre le comte de Forez et l'archevêque Guichard; et dans cet accord on voit que la ville de Lyon et ses dépendances restent entiè- rement à l'archevêque et au chapitre , et depuis cette époque , aucun évé- nement n'était venu modifier ce traité. Quant aux dénominations de terres de l'empire et terres du royaume, on les a mal à propos appliquées à la' ville de Lyon. Ces dénominations ne s'appliquaient qu'à la terre ou sei- gneurie de Beaujeu. Les sires de Beaujeu possédaient déjà dans la Dombes les châteaux et châtelleries de Montmerle, Châtillon, Saint-Trivier et Rio- tier, Iorsqu'en 1219, Humbert, sire de Beaujeu, épousa Marguerite de Baugé, fille unique et héritière de Guy de Baugé , seigneur de Miribel ; par ce mariage les sires de Beaujeu devinrent possesseurs de la plus grande par- tie de la Bombes, et étendirent leurs possessions jusqu'aux portes de Lyon. Pour leurs terres de Dombes , ils relevaient du comte de Savoie , vassal lui- même de l'empire; pour leur seigneurie]de Beaujeu, qui se composait au 12 e siècle des terres et châteaux de Belleville , Thizy, Perreux et Lay, ils la tenaient en fief des ducs de Bourgogne, qui relevaient des rois de France. Ainsi la Saône séparait la terre de _Beaujeu à la part de l'empire , ou la Dombes d'avec la terre de Beaujeu à la part du royaume, ou le Beaujolais ; mais ces dénominations ne s'appliquaient nullement à Lyon.