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«   pendant l'étage sous les Plombs ; c'est l'étage du palais où jadis la repu»
«   blique de Venise mettait ses prisonniers lés plus marquants,.. Moi, j'ai été
«   long-temps détenu au dernier étage de ce palais, qui est encore couvert
«   de plomb ; ai-je été aux Plombs , ou non ? »
   Cette réponse , nette et formelle , il sera bon qu'elle se répande , car la
calomnie aussi s'était répandue , et certaines gens auraient voulu pousser
M. de Chateaubriand â des hostilités conire Silvio, contre moi qui l'honore et
qui l'aime, ajoute celui-ci. Et il y a longtemps que vivent ces sentiments
dans l'ame de Pellico. Il nous souvient d'une lettre que nous avons vue aux
mains d'un ami , et où se trouvent quelques lignes que nous pouvons consi-
gner ici , sans indiscrétion peut-être.
     « Je voudrais, écrivait Pellico , je voudrais que vous eussiez deviné dans
«   la supposition que vous faites que j'aie vu Chateaubriand à Lyon, dans ma
«   jeunesse. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, ni alors ni depuis.
«   Mais ce que vous devinez , c'est que son Génie du Christianisme est uu
«   des ouvrages que j'ai lus avec transport et que j'aime toujours. Que de
«   fois, quand cet ouvrage parut , et que j'entendais de malheureux voltai-
«   riens le bafouer, je disputai pour en faire remarquer le beau littéraire et
«   moral! Les incrédules osaient prédire que le Génie tomberait bientôt
«   dans l'oubli. Je soutenais que cet ouvrage terrasserait Voltaire, et j'avais
«   raison. »
   Ceci est d'autant plus surprenant que , dans sa jeunesse , Pellico était
imbu des maximes du philosophisme ; la droiture de son esprit en triomphait
néanmoins. Quand donc , M. de Chateaubriand, dans sa préface des Mé-
moires à" Outre-Tombe , a nommé Pellico , il n'a fait que donner une preuve
d'estime à uu homme qui lui-même l'estime et l'aime si fort.