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402 « pendant l'étage sous les Plombs ; c'est l'étage du palais où jadis la repu» « blique de Venise mettait ses prisonniers lés plus marquants,.. Moi, j'ai été « long-temps détenu au dernier étage de ce palais, qui est encore couvert « de plomb ; ai-je été aux Plombs , ou non ? » Cette réponse , nette et formelle , il sera bon qu'elle se répande , car la calomnie aussi s'était répandue , et certaines gens auraient voulu pousser M. de Chateaubriand â des hostilités conire Silvio, contre moi qui l'honore et qui l'aime, ajoute celui-ci. Et il y a longtemps que vivent ces sentiments dans l'ame de Pellico. Il nous souvient d'une lettre que nous avons vue aux mains d'un ami , et où se trouvent quelques lignes que nous pouvons consi- gner ici , sans indiscrétion peut-être. « Je voudrais, écrivait Pellico , je voudrais que vous eussiez deviné dans « la supposition que vous faites que j'aie vu Chateaubriand à Lyon, dans ma « jeunesse. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, ni alors ni depuis. « Mais ce que vous devinez , c'est que son Génie du Christianisme est uu « des ouvrages que j'ai lus avec transport et que j'aime toujours. Que de « fois, quand cet ouvrage parut , et que j'entendais de malheureux voltai- « riens le bafouer, je disputai pour en faire remarquer le beau littéraire et « moral! Les incrédules osaient prédire que le Génie tomberait bientôt « dans l'oubli. Je soutenais que cet ouvrage terrasserait Voltaire, et j'avais « raison. » Ceci est d'autant plus surprenant que , dans sa jeunesse , Pellico était imbu des maximes du philosophisme ; la droiture de son esprit en triomphait néanmoins. Quand donc , M. de Chateaubriand, dans sa préface des Mé- moires à " Outre-Tombe , a nommé Pellico , il n'a fait que donner une preuve d'estime à uu homme qui lui-même l'estime et l'aime si fort.