page suivante »
389
dre inquiétude sur son étal, car il songeait aux ressources de
son organisation puissante. Toutefois, malgré le zèle de sa
famille, malgré les -visites assidues de deux médecins, MM. Pa-
rât et Baumers , dont la vieille amitié se prodiguait en soins
affectueux, M. Grognier ne put être sauvé. Le 7 octobre,
il reçut, dans la matinée , les consolations de la religion ; sur
le soir, le délire s'empara de lui, et vers les sept heures , il
remit son ame à Dieu, en qui il avait placé toute sa confiance.
Il a été inhumé au cimetière de Lovasse. M. Rainard^ pro-
fesseur à l'Ecole vétérinaire, a prononcé sur sa tombe un dis-
cours auquel nous avons emprunté les détails qu'on vient de
lire (1).
M. Grognier avait d'excellentes qualités ; humain, bon , gé-
néreux , il fut toujours prêt à obliger ceux qui avaient re-
cours à lui ; il se fit de nombreux amis dans tous les rangs de
la société. Son caractère était naturellement vif, et quelque
peu brusque ; mais si M. Grognier ne fut pas toujours maître
de ces mouvements premiers qui emportent les natures irri-
tables, du moins il ne sut jamais garder de rancune. Volon-
tiers il reconnaissait les erreurs qu'il pouvait avoir commises.
Sa conversation s'animait de saillies heureuses, et sa mémoire
était pleine de choses qu'il savait dire avec goût et placer Ã
propos. Son accent auvergnat donnait à ses paroles un air pi-
quant et original. On pourrait dire aussi de lui ce que le P. de
Colouia a dit du P. Meneslrier, qu'il avait une physionomie so-
laire. La figure de M. Grognier était une de ces bonnes et lar-
ges faces, où rayonnent la candeur et la simplicité. M. Gro-
gnier était fort distrait, et oubliait souvent cà et là son cha-
peau , son mouchoir, ou ses gants, lorsqu'il en portail. Nous
entrons dans ces minutieux détails, parce que ce sont de ces
choses qui font le mieux connaître un homme , quel qu'il soit.
Comme savant, M. Grognier occupe une belle place-, comme
(1) Y oyez ce discours, dans le Courrier de Lyon, du 11 octobre.—Quelques
jours après M. Grognier , est morte sa fille que la douleur el les veilles au
chevet de son père ont tuée dans un âge peu avancé.