Revue du Lyonnais » série 1 - n°6 ( 1837 ) » pp.373

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sion ; leurs efforts ont été bien calculés, ils ont réussi ;
et ils ont beaucoup contribué à faire l'Angleterre ce qu'elle
e s t , nation puissante entre toutes les nations. De m ê m e que
le sublime a édifié chez nos voisins, le ridicule a abattu chez
nous rieurs el moqueurs.
   Rabelais, Molière et Béranger, en frappant sans relâche ,
ont renversé notre antique pouvoir avec tous ses abus -et
toute son énergie de licence. La chanson porta le dernier
coup. Ne croirait-on p a s , en effet, Gargantua, Grandgousier,
le V e n t r u , l e s marquis de Molière, celui de Carabat, la com-
tesse d'Escarbagnas , la marquise de Preiintaille , e t c . , e t c . ,
esquissés dans le même temps et par le même pinceau?
   Le champ est couvert de ruines, il s'agit de déblayer et
de construire ; c'est l'œuvre du drame. Quant à la comédie,
elle a poussé son dernier rire d'agonisant dans Robert Ma-
caire; elle est si bien morte , qu'elle ne se montre même
plus dans le vaudeville. Le fol enfant de la France se fait
pleureur, il a un poignard, une coupe de poison, 11 jure par
sa bonne lame de Tolède , par son saint patron ; il a le gan-
telet de fer, il frappe du poing sur la table , il met flamberge
au v e n t , enfin il se fait mélodrame. A défaut de moyen-âge,
vite il court dans la garde-robe de sa g r a n d ' m è r e , il en
exhume les falbalas, les paniers, les robes à la Fontange,
le pot au fard, les mouches , la poudre , la coiffure à la Sé-
vigné ; puis les culottes de soie, le chapeau galonné, l'épée
à la française de son grand-père; il se change en grande d a m e ;
en jeune a b b é , en marquis du dix-huitième siècle , et il m i -
naude avec son éventail, son petit rabat blanc et p l i s s é , ou
avec la poignée en acier de sa rapière. Non-coutent encore ,
il singe le sourire de nos fashionables, et le colle sur la face
rouge et grasse de nos banquiers. Enfant prodigue, il jette les
millions par les fenêtres, il ne parle que par centaines de
mille, rarement il descend à la dizaine. A l'entendre, on
vit dans îc meilleur des mondes possibles, la politesse est à
l'ordre du j o u r , le bonheur est dans le grenier, pauvre et