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l'auraient désiré; il y eut des délais, parce que les vendeurs,
ne se confiant que médiocrement à la solvabilité du prince
de Rohan , consultèrent leur notaire, et lui recommandèrent
d'apporter un soin extrême à la rédaction des articles. Le
cardinal avait 800,000 francs de reate , mais on savait aussi
qu'il avait beaucoup de dettes et peu d'ordre. — P o u r t a n t ,
comme ce collier avait été refusé partout (ainsi que nous
l'avons dit ci-dessus) les joailliers finirent par s'estimer heu-
reux que le prince de Rohan voulût s'en accommoder. Les
craintes de retard dans les paiements disparurent tout-à-fait,
lorsqu'un peu plus t a r d , et à la veille de la livraison du col-
lier, le cardinal, effrayé de ce que les joailliers pourraient
croire , s'ils voyaient à la reine leur p a r u r e , sans savoir de
quelle façon elle lui était venue, se détermina à leur montrer
le contrat où en marge il y avait ces mots : Approuvé, Marie-
Antoinette de France. Louis de Rohan l u i - m ê m e , quoique
assez crédule jusque-là, était tourmenté, et commençait à
vouloir plus que des lettres ou des paroles rapportées; ce fut
alors que la comtesse lui promit une entrevue avec la r e i n e ;
la pièce avait été bien intriguée , le plan bien posé , la scène
se passa dans le jardin de Versailles, les personnages furent
tous bien pénétrés de leurs rôles : une aventurière, nommée
 d'OUva, remplit celui de Marie-Antoinette. Voici comment
 eut lieu cette nouvelle supercherie, et le prince ne manqua
 pas d'y donner tête-baissée , ainsi que dans les précédentes.
 Il était depuis un instant dans le p a r c , attendant avec impa-
 tience, lorsque toul-à- coup la comtesse accourt., lui prend
 la main et l'entraîne dans le plus obscur des bosquets. Le
 cardinal, certain alors de ?on bonheur, v o l e , arrive et voit
 devant lui la reine... c'est-à-dire la malheureuse qui en tenait
 la place , la demoiselle Legay d'OUva, Cette dernière s'avance
 vers l u i , et lui présentant une rose... Vous pouvez espérer que
  le passé sera oublié, dit-elle. —Ah! Madame, répond le prince
  en se précipitant à ses genoux, ma vie entière désormais...
  Une voix qui s'élève assez rapprochée lui coupe la p a r o l e ,