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245 il mourut, et que mon frère qui était venu de Paris } lors- qu'on lui fit l'opération de la taille, m'en avait souvent entre- tenu. Il me tira lors une lettre du P. Henschenius, dont j'avais vu la bibliothèque à Anvers, par laquelle il lui écrivait que les Jacobins ont fait courir le bruit en Flandres et à Rome, que le P. Théophile était mort enragé, que les Jésuites l'a- vaient privé des sacrements , qu'il courait par leur couvent de Lyon, criant comme un damné : Philistin super me, et qu'ayant été enterré sepullura asini, on l'avait trouvé, le len- demain, déterré, et son corps tout livide, parce que les dia- bles l'avaient battu toute la nuit; je lui dis que c'était une calomnie grossière et un bruit ridicule, car le bon homme avait cessé, par faiblesse, depuis quinze jours, dédire la messe, et communiait tous les jours; il avait fait trois con- fessions générales au P. du Lieu, la semaine qu'il mourut ; et même, le malin du jour de son décès, qui arriva l'année passée à la veille de tous les Saints, après eu avoir eu de visibles pressentiments, il dit adieu trois fois au frère qui l'aidait à s'habiller, l'assurant qu'il ne lui donnerait plus de peine ; e t , retournant de la chapelle où il avait ouï la messe et communié, il dit à un frère qu'il rencontra, qu'il avait de- mandé à Dieu d'aller passer au ciel la fête de tous les saints, et un moment après, environ demi-heure après la commu- nion , il expira , entrant dans sa chambre , entre les mains d'un autre bon frère, et ainsi s'accomplit la prophétie qu'il avait faite qu'il mourrait eu sa sotlane , et dans sa chambre, qu'il avait tant aimées toutes deux, que nulle persécution ne l'avaitpu détacher de l'état qu'il avait embrassé en son enfance, n'ayant jamais quitté, durant soixante ans, la retraite delà cellule, que pour des œuvres de charité, comme pour con- fesser le moindre paysan qui se présentait, à quel temps que ce fût Je lui dis que mon frère même, qui ne croyait pas de léger aux révélations , m'avait dit souvent que quand le P. Théophile était fort affligé en Avignon, à l'occasion de son livre de Negotialore religioso, un carme déchaussé s'étant