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223 de la finesse de ses réparties , de la variété de ses connais- sances, de la droiture de son jugement. Type d'une autre époque qui s'éloigne de plus en plus de nos usages, il était, en quelque sorte pour nous, le dernier rayon de cette politesse exquise, de ces attentions délicates, de cette courtoisie française , relevées dans le prêtre par un air de dignité et de b o n t é , qui caractérisaient si bien nos anciennes mœurs. On se pressait autour de lui comme autour de la colonne du vieux temple „ restée debout à travers mille ruines, sur lesquelles plusieurs générations ont écrit leur n o m , et qui redit encore les oracles des siècles passés. Une des plus douces jouissances de ce prêtre vénérable, jouissance qui décèle une belle ame et des sentiments bien conformes à ceux de son divin maître, était d'initier les enfants aux premiers éléments des sciences naturelles. Cet homme que Bonaparte ne put déterminer à accepter une chaire dans les facultés delà capitale, n'avait pas de plus grand bonheur que d'expliquer aux petits enfants les princi- paux phénomènes de la création. Qu'on aimait le voir don- ner des leçons à ses neveux et à ses nièces qui étaient pres- que toujours rassemblés autour de lui comme autour du patriarche de la famille, aux jeunes pensionnaires du Sacré Cœur de la Ferrandière et de la rue Boissac, aux élèves du séminaire de Saint-Jean... Il était alors plus radieux de joie et triomphant de satisfaction que lorsqu'il démontrait une découverte ou s'entretenait avec quelques savants de grandes combinaisons. On ne parle pas devant une académie avec plus d'intérêt et de précision que le faisait M. de Servandans ces petites conférences ; aucune expression obscure, aucun terme d'art, aucune démonstration compliquée, ne sortait de sa bouche. 11 savait, comme le pieux Gerson, se râpe-