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dans tout ce qu'il entreprenait, parce qu'il travaillait en
véritable artiste et non en spéculateur, M. de Servan
ne profita jamais de ses découvertes ; il laissa à d'autres
le soin d'exploiter la renommée à leur avantage et de
gagner des millions (1).... Il avait la conscience d'avoir
rendu service à son pays ou à des familles estimables....
c'était sa plus douce récompense!...
   Tant de talents unis aux plus aimables qualités firent
rechercher l'amitié de M. de Servan par les hommes les
plus honorables. On compte parmi ceux-ci les Mably (2),
les Vaucanson (3), les de Maistre (4), les Droz (5), les

    (1) Les distilleries continues pour les vins et les eaux-de-vie qui sont dues
au génie de M. de Servan , ont fait gagner plus de 300,000 fr. à celui qui
les a employées.
    (2) L'abbé de Mably , né à Grenoble en 1709 , est auteur de plusieurs ou-
vrages de politique et de morale , dont les uns sont bons et les autres lais-
sent à désirer.
     (3) M. Vaucanson , né le même jour et dans la même ville que Mably a été
célèbre vers le milieu du dernier siècle par ses moulins , ses automates et au-
tres inventions du premier mérite. Le premier automate qu'il fit, fut une
statue qui jouait des airs et imitait les opérations du joueur de flûte. A. cet
automate en succéda bientôt un autre qui jouait à la fois du tambourin et du
 galoubet. Enfin , il fit deux canards qui allaient chercher le grain , le sai-
 sissaient dans l'auge , l'avalaient et le digéraient en lui faisant subir une
 espèce de trituration.
  (4) M. le comte Xavier de Maistre , auteur du Voyage autour de ma cham-
bre , du Lépreux de la vallée d'Aosl, de la jeune Sibérienne , etc., ne faisait
pas imprimer ses ouvrages sans les avoir communiqués à M. de Servan.
   (5) M. Droz , fils du célèbre mécanicien de ce nom , fut aussi remarqua-
ble que son père dans ce genre. Il n'avait que 22 ans lorsqu'il vint à Paris
avec plusieurs pièces de son invention , entr'autres avec un automate dessi-
nateur et une figure de jeune fille qui touchait différents airs sur le clavecin,
suivait la musique des yeux et de la tète , se levait quand elle avait fini de
jouer , et saluait ensuite la compagnie. C'est à lui que l'on doit les serins-
automates chantant, gazouillant, voltigeant dans leur cage, qu'on se rap-