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221 dans tout ce qu'il entreprenait, parce qu'il travaillait en véritable artiste et non en spéculateur, M. de Servan ne profita jamais de ses découvertes ; il laissa à d'autres le soin d'exploiter la renommée à leur avantage et de gagner des millions (1).... Il avait la conscience d'avoir rendu service à son pays ou à des familles estimables.... c'était sa plus douce récompense!... Tant de talents unis aux plus aimables qualités firent rechercher l'amitié de M. de Servan par les hommes les plus honorables. On compte parmi ceux-ci les Mably (2), les Vaucanson (3), les de Maistre (4), les Droz (5), les (1) Les distilleries continues pour les vins et les eaux-de-vie qui sont dues au génie de M. de Servan , ont fait gagner plus de 300,000 fr. à celui qui les a employées. (2) L'abbé de Mably , né à Grenoble en 1709 , est auteur de plusieurs ou- vrages de politique et de morale , dont les uns sont bons et les autres lais- sent à désirer. (3) M. Vaucanson , né le même jour et dans la même ville que Mably a été célèbre vers le milieu du dernier siècle par ses moulins , ses automates et au- tres inventions du premier mérite. Le premier automate qu'il fit, fut une statue qui jouait des airs et imitait les opérations du joueur de flûte. A. cet automate en succéda bientôt un autre qui jouait à la fois du tambourin et du galoubet. Enfin , il fit deux canards qui allaient chercher le grain , le sai- sissaient dans l'auge , l'avalaient et le digéraient en lui faisant subir une espèce de trituration. (4) M. le comte Xavier de Maistre , auteur du Voyage autour de ma cham- bre , du Lépreux de la vallée d'Aosl, de la jeune Sibérienne , etc., ne faisait pas imprimer ses ouvrages sans les avoir communiqués à M. de Servan. (5) M. Droz , fils du célèbre mécanicien de ce nom , fut aussi remarqua- ble que son père dans ce genre. Il n'avait que 22 ans lorsqu'il vint à Paris avec plusieurs pièces de son invention , entr'autres avec un automate dessi- nateur et une figure de jeune fille qui touchait différents airs sur le clavecin, suivait la musique des yeux et de la tète , se levait quand elle avait fini de jouer , et saluait ensuite la compagnie. C'est à lui que l'on doit les serins- automates chantant, gazouillant, voltigeant dans leur cage, qu'on se rap-