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203 seul de ce dernier corps n'a pu encore être imité. Les bou- gies de ce genre, affublées des noms bizarres de bougies à l'étoile, au soleil, à la lune, de bougies du phénix, plus ratio- nellement appelées bougies stéariques> brûlent comme celles faites avec de la cire, sans secours de mouchettes, sans fu- mée, après qu'on les a éteintes. Quand elles sont bien pré- parées , elles ressemblent tellement aux bougies véritables , que le consommateur s'y méprend nécessairement ; mais à un œil exercé, il n'échappe pas certain caractère de translu- cidité, de malléabilité et de saveur qui maintient encore entre les deux une ligne de démarcation. Elle tend de jour en jour à disparaître, si bien que le commerce de la cire disparaît insensiblement sous les envahissements de l'acide stéari- que(l). M. Lassale, cirier à Vaise, s'apercevant, comme tous ses confrères, du ralentissement progressif et effrayant des af- faires causé par la nouvelle matière, résolut de se la rendre à profit plutôt qu'à perte. Il se rend à Paris, travaille en sim- ple ouvrier dans les ateliers où la bougie nouvelle se con- fectionne , observe tous les détails de fabrication , puis re- vient créer à Lyon un établissement du même genre. Depuis six mois, ses produits circulent dans le commerce avec la même faveur que ceux de la capitale. Bien plus, il a réalisé un perfectionnement qui rend sa mèche supérieure à celle des bougies stéariques de Paris. Je voudrais pouvoir décrire en détail et avec clarté le pro- cédé de fabrication que suit M. Lassale ; mais on compren- dra le motif de mes réticences. Dans quelque temps la plus grande publicité pourra éclairer ce travail industriel, mais il faut laisser auparavant à M, Lassale le temps de s'in- demniser convenablement des sacrifices de tout genre qu'il s'est imposés pour arriver au point où il en est maintenant. (1) La bougie vraie vaut de 2 fr. 50 c. à 3fr. la livre ; la bougie imitée se donne à 2 fr. et même à 1 fr. 50.