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bennes. Mon oncle s'avançait pour avoir part à cette fa-
veur, mais la main disparut et ne se montra plus.
   Des Négresses entièrement vêtues de blanc que ces
Messieurs trouvèrent fort belles , mais qui nous semblè-
rent horribles avec leurs mille cicatrices sur les joues,
posèrent sur un exhaussement du plancher une collation
composée de confitures sèches, de fruits, d'eau glacée et
de café, q u i , noir, épais et sans sucre, nous parut fort
mauvais; tout cela était servi dans de la belle porcelaine
anglaise , mais sans cuillers ni fourchettes. Pendant ce
repas, Moun et Mollah , car tels étaient les noms peu
harmonieux des sœurs de Mustapha, ne bougèrent pas
de leur divan et gardèrent leurs voiles constamment bais-
sés. Bientôt les Négresses apportèrent de belles pipes à
bouts d'ambre, à longs tuyaux dorés, émaillés et en-
richis de pierres précieuses. Pendant que nos amis fu-
maient un délicieux tabac mêlé à une plante du pays,
nommée kaf, qui a, dit-on, les mêmes propriétés que
l'opium , je regardais avec curiosité les jolies corbeilles
de palmier et de jonc du Labez, dans lesquelles s'éle-
vaient des pyramides de fruits superbes ; nos belles invi-
sibles firent un signe, et une des esclaves en enveloppa
deux dans un morceau d'une espèce de grosse mousseline
brochée d'or, et vint les offrir à M m0 de Bau... et à moi;
elles nous demandèrent les mouchoirs de soie que nous
portions en cravatles, et nous nous empressâmes d'ac-
complir cet échange tout-à-fait dans les règles de la poli-
tesse orientale.
   M™ de Bau... en furetant dans tous les coins delà cour,
avait fait la découverte d'un mauvais instrument moitié
épinette, moitié piano; un air de galop qu'elle vint à
jouer donna à Mustapha l'idée de nous prier de montrer