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c'est tout au plus , si à de rares intervalles un rayon éga-
ré vient trancher l'obscurité qui règne à toute heure dans
ce labyrinthe. La rue des Consuls, celle des Princes, sont
un peu plus spacieuses , mais présentent le même aspect;
seulement quelques légères sculptures ornent leurs portes
toujours aussi difficiles à découvrir.
   Ce pays inconnu, où notre arrivée n'avait pas produit
le moindre changement d'habitude, où les femmes sembla-
bles a des ombres, circulaient enveloppées de voiles de
la plus rigoureuse épaisseur , ou du haut des minarets le
Muézim aveugle appelait régulièrement à la prière, où les
boutiques toujours pleines de fumeurs retentissaient des sons
de la mandoline, tout cela complétait pour nous le tableau
encore brillant de féeriques couleurs , que la lecture des
Mille et une nuits, fantastique récréation de notre enfance
avait ébauché dans nos esprits ; l'imagination éveillée par
la nouveauté de ces impressions , nous crûmes voir plus
d'une fois parmi les Turcs auxquels la capitulation permet-
tait le séjour d'Aller, le Calife Aroun et son visirGiafar,
allant à la quête des aventures. Nous aussi nous parcou-
rions la ville en tous sens , guêtant une maison abandon-
née , une porte entr'ouverte pour jetter un coup d'œil
dans ses mœurs , si étrangères aux nôtres. Mais pendant
un mois que dura notre premier séjour à Alger , nous ne
pûmes qu'une seule fois entrevoir ces mystères ; jusques
là nous dûmes nous contenter de visiter les édifices publics
qui nous furent tous ouverts par les soins de notre excellent
ami le général Després ; encore fallut-il en excepter les
mosquées , qu'un article spécial du traité interdisait for-
mellement aux chrétiens. Nous comptâmes sept ou huit
écoles publiques , plusieurs bazars , huit grandes casernes
et six maisons pour les esclaves situées près des marchés.