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bleaux de douleur, où est le citoyen assez dur pour ne
pas contribuer au soulagement des ouvriers de nos manu-
factures ? Où est celui qui ne sera pas vivement touclié
du triste état où ils sont réduits? Où serait le barbare
égoïste qui se refuserait au sacrifice de quelque portion
de son luxe et de son aisance ?

   « Toutes les classes de citoyens que cette ville ren-
ferme sont indivisiblement unies les unes aux autres,
toutes ont un intérêt plus ou moins direct à voir le com-
merce fleurir par l'activité de nos manufactures : c'est
alors que la consommation facilite le débit des denrées
et la circulation du numéraire, et que les locations main-
tiennent les propriétés en valeur. Ainsi, la différence
d'état, d'occupation et de r a n g , n'est donc pas même un
prétexte pour s'affranchir d'une dette essentielle et gé-
nérale.
   « Mais pourquoi parlerais-je d'obligation à qui il ne
faut que rappeler les heureux sentiments de piété et de
bienfaisance ?
   « Que pourrais-je ajouter, Messieurs, à la lettre édi-
fiante et pastorale qu'un prélat qui a tant de droits à notre
vénération s'est empressé de publier ? Son éloquence natu-
relle, animée encore en ce moment par son zèle et sa
charité, a dû triompher de l'insensibilité et de Fégoïsme,
et quiconque aura lu la lettre pastorale, aura souscrit (1).

   Au mois de juillet de l'année 1788, arrivèrent à Lyon,

   (1) Au mois de mars 1788, la ville de Lyon fut autorisée par le gouvernement
à faire un emprunt de 300,000 livres pour venir au secours des ouvriers en
soie sans travail. Le trésorier de la ville, Alexis-Antoine Regny, fit l'avance