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  Le 18 floréal an V , d'honorables citoyens, qui avaient
appartenu à la confréiie de la Miséricorde , tentèrent plus
d'une démarche auprès de l'autorité locale pour rentrer dans
la possession de leur chapelle et la rendre à sa destination
première.
  "Voici la requête qu'ils adressèrent aux administrateurs du
département du Rhône.
  Les Citoyens ci-après soussignés, onl l'honneur de vous exposer :
   Que, depuis un temps infini, eux et leurs prédécesseurs s'étaient voués à
une Å“uvre de bienfaisance connue en celle ville sous le nom d'OEuvre de la
Miséricorde, dont le principal établissement étoit dans ta cour ci-devant des
Carmes, et dont toute la propriété consistoit en deux corps de bâtiment, et
leurs dépendances situées au même lieu.
   Celte Å“uvre avoit principalement pour objet le soulagement des prisons ;
elle distribuoit des secours en tout genre aux individus détenus ; elle
acquiltoit leur dette , e t , indépendamment des soulagements corporels, elle
avoit essentiellement soin de ramener les citoyens égarés aux bonnes mœurs,
aux principes de vertu et de morale; elle a à se réjouir d'avoir, en toutes
occurrences, garanti de la corruption ordinaire des prisons ceux qui, pour
une première faute y étoient renfermés , et d'avoir mainte fois rendu à la
société des êtres qui, par leur retour, ont amplement dédommagé leurs
 concitoyens des erreurs où primitivement ils avaient été engagés.
   Ce n'est point aux exposants à exalter les bienfaits de leur établissement,
ils en appellent à leurs concitoyens pour en décider ; il leur suffit de connoitre
et sentir tout le bien qu'ils peuvent encore faire , pour être animés du désir
de recommencer les œuvres auxquelles ils s'étoient destinés, et qui n'ont été
interrompues que par le désastre des temps.
    Quelques soient les efforts du gouvernement , il est impossible qVil
fournisse aux besoins des infortunés détenus , et malgré tous ses soins , il est
 constant, il est de fait, 1° que les détenus, tant en santé qu'en maladie , sont
dans la plus grande pénurie ; 2° qu'une corruption affreuse s'est introduite
dans les prisons, que les hommes en sortent plus vicieux qu'ils n'y étoient
entrés , et que ce penchant au crime se trouve encore singulièrement fortifié
par le dénuement absolu dans lequel les individus se trouvent à leur sortie.
   C'est pour obvier à ces différents maux et pour remplir les vues sages" du
gouvernement, que Iesdlts citoyens soussignés viennent, en vertu des lois
des 2 brumaire et 28 germinal an 4 , réclamer auprès de vous, Citoyens
Administrateurs , le rétablissement de l'OEuvre de Miséricorde dont il s'agit,
et la restitution des deux corps de bâtiments ci-devanl énoncés.
   Ce n'est pas la jouissance de ces deux modiques objets qui dirigent leur
dér„arche, chacun sait qu'ils étaient d'un revenu à peu près nul, qu'ils étoient
plutôt essentiellement destinés, l°aux gens nécessaires à l'exercice de l'œuvre;
2° à l'emmagasinement des objets de distribution ; chacun sait enfin que
l'Å“uvre ne s'est soutenue , n'a pu se soutenir , et ne pourra effectivement
procéder qu'avec les secours et aumônes que chacun des soussignés versoit