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                               M. MARY LAFON                                       203
    Quant à l'Histoire littéraire, c'est une œuvre longtemps
 méditée, si l'on en croit l'historien. « J'avais dix ans, dit-il,
lorsque l'idée m'en vint... Souvent distrait par d'autres travaux,
je suis revenu de cœur à celui-ci, et je puis dire que le jour où
je l'ai fini a été doux pour moi, comme ces reflets roses
 dont l'horizon un instant se colore au soleil couchant. »
    C'est une étrange destinée de la poésie provençale de n'avoir
rencontré jusqu'ici aucun historien complet, je veux dire embras-
sant son histoire depuis ses origines jusqu'à nous. On peut, en
effet, la diviser en trois périodes essentiellement distinctes. La
première, gauloise et romaine ; la seconde, que Fauriel subdivise
 en deux phases tranchées de germination et de floraison, l'ère des
 troubadours, romano-provençale ; la troisième enfin, la plus mer-
 veilleuse peut-être, surgissant peu à peu des ruines laissées par
la guerre albigeoise, pour aboutir au félibrige, renouveau spontané
et presque inconscient de tous les dialectes d'oc.
    Personne ne mettrait en doute la grande compétence de M. Mary
Lafon pour ce qui concerne le moyen âge méridional. Son Tableau
historique et littéraire de la langue romano-provençale(1841) a
obtenu le prix Volney, et son Histoire du Midi a été couronnée
par l'Académie française.
    Pour moi, n'ayant jamais approfondi que cette troisième période
 de la littérature dite provençale', je laisserai M. Mary Lafon dis-
cuter savamment sur un terrain dont il est maître, de l'importance
 et de la beauté des grands poèmes de transition, pournem'occuper
avec lui que des néo-romans qui apparaissent au couchant du
 seizième siècle. Entre Bernard Rascas, le dermier troubadour
 qui chanta le vrai chant du cygne, et Belaud de la Belaudière,
j'eusseaimé voir citer la Chanson du Carrateyron, Balth-Roman
 le Caladaire et les Momons d'Aix. Mais passons du Bartas et
 Augiè Gaillard, fort bien appréciés tous deux. Suivent trente pages
 consacrées au seul Goudelin. Le grand poète de Toulouse mérite

  i Sous ce titre: La Renaissance latine et les Provençaux,]e me propose de donner
bientôt l'histoire littéraire des dialectes d'oc depuis la croisade albigeoise jusqu'à
nous. L'idiome de Catalogne, qui bien plus que le provençal a reconquis sa place
au soleil et s'est rallié au félibrige lors de sa reconstitution en 187"!, y trouvera sa
grande part.