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ÉTUDE HISTORIQUE SUR CLUNY. 299 La position devint encore plus difficile dans la se- conde moitié du xive siècle, au milieu de la terrible guerre de cent ans. Clunyy comme nous venons de le voir, était une institution vraiment internationale. Plusieurs de ses moines étaient des Normands et des Anglais ^plusieurs de ses abbés appartenaient à la famille royale d'Angleterre; de nombreuses succursales dans les îles britanniques étaient intimement liées ' avec la maison-mère de Cluny. Que faire au. milieu du choc violent des deux partis bel- ligérants? surtout du moment où les princes bourgui- gnons passèrent dans le camp des Anglais. La position était assurément difficile. Les ducs de Bourgogne étaient forts et rapprochés, les rois de France étaient faibles et éloignés,'l'avenir cependant était incertain. Placés dans cette fausse position, les abbés louvoyèrent, c'était la seule chose qu'on pouvait faire. Arriva le règne de Louis XI et la lutte directe entre l'autorité royale et les grands vas- saux.' La position de Cluny fut plus mauvaise encore, car on avait d'un côté, à l'est, à Mâcon, un gouverneur de part le roi, au nord les domaines du duc de Bourgogne et à l'ouest ceuxde son fils intrépide,de Charles-le-Téméraire, comte de Charollais. Dans cette situation, les abbés restè- rent neutres, ils fixent les morts, mais le repos est funeste à tout corps organisé. En 1418, Robert de Chandesolles, le quarantième abbé de Cluny, se îendit au concile de Constance,, et il fit faire une visite générale de tous les couvents de France. et d'Allemagne, mais, comme les documents authentiques le prouvent, presque partout les études et la discipline avaient été abandonnées, et on était en pleine déca- dence. Au commencement du xvie siècle, sous François I or , les clunistes font un acte d'indépendance mal calculé. Con- voqués pour l'élection de leur abbé, ils choisissent presque à l'unanimité un certain Jean de la Magdelaine, prélat de Besançon, une créature de la maison d'Autriche et l'ancien