Revue du Lyonnais » série 3 - n°16 ( 1873 ) » pp.286

286                 LÀ QUESTION DE SOLUTRÊ.

   M. de Mortillet répond que les vieux chevaux fournissent la
meilleure viande. Plusieurs membres de l'Assemblée confir-
ment cette appréciation.
   M. Vogt déclare que, selon lui, c'est là une question de goût
sans valeur dans la discussion. En Islande on sert aux maîtres
le beurre rance, tandis que le beurre frais est envoyé aux servi-
teurs. Nous ne pouvons pas préjuger du goût des sauvages de
Solutré à l'endroit de la viande de cheval.
   M. Gosse rappelle, à titre de renseignements, que, de nos
jours, certaines populations des Kirgis sacrifient dans des céré-
monies funéraires des hécatombes d'animaux, proportionnées
à la fortune des héritiers ; il cite des chiffres authentiques : par
exemple, 230 chevaux et 4,000 moutons.
   M. Arceln fait remarquer que les animaux comme le cheval
ou le bœuf ont été domestiques surtout pour prêter leur con-
cours à l'homme dans les travaux agricoles et industriels, comme
bêtes de somme ou de trait. Il lui parait difficile d'admettre que
les sauvages de Solutré, qui n'étaient pas agriculteurs, aient
domestiqué le cheval exclusivement en vue de l'alimentation,
quand il leur était facile de le chasser dans les plaines de la
Saône où il abondait certainement par grands troupeaux. La
chasse du cheval est, au dire de tous les voyageurs, une des
plus faciles.
   En résumé, cette question reste indécise.
   D'après le mémoire de M. Toussaint, le cheval de Solutré
était de petite taille, compris entre lm 25 et lm 45, comparable
 au cheval d'Islande ou de la Camargue. Anatomiquement, il
 semble présenter un passage entre le cheval primitif, l'hipparion,
 et le cheval actuel.
    Une vive discussion s'engage entre MM. de Mortillet, l'abbé
Ducrost, Cartailhac, Cazalis de Fondouce, Ollier de Marichard
 et Arcelin, au sujet du caractère archéologique des instruments
 et des armes de Solutré.
    M. de Mortillet défend contre les attaques de M. l'abbé
 Ducrost sa classification à ce qu'il appelle l'âge et le type solu-
 tréens. D'après M. de Mortillet, l'époque de Solutré prendrait